National Features


WOMEN AND POWER

by Chaviva Hosek

Chaviva Hosek is the president of the National Action Committee on the Status of Women. Following is the text of a speech presented at "Women and Power: Making a Difference", a conference held in Quebec last November.

Dans son introduction, Chaviva Hosek rappelle quelques faits marquants pour illustrer que le monde reste essentiellement dirigé par les hommes et que les femmes, qui contribuent pourtant de façon considérable aux tâches de la vie quotidienne, n'exercent guère de pouvoir. Les femmes, dit-elle, cultivent la plus grande partie des denrées dont se nourrit le monde. Et les femmes font plus de 70% du travail dans le monde (mais ne détiennent que l% de la de la propriété). Les femmes peuvent-elles modifier la structure de la société par une vision plus féministe de l'humanité, une vision d'égalité sociale, politique et économique entre les hommes et les femmes? Quel forme de pouvoir, ou d'autorité (car il y a lieu de faire ici une distinction, explique l'auteur) doivent-elles rechercher pour arriver à ces fins?

Chaviva Hosek fait un bref historique du mouvement féministe au Canada depuis le début des années 1960 (notamment depuis la création de la Commission royale en février 1967) et retrace les grandes victoires remportées par les femmes (dont la plus importante est sans aucun doute l'inclusion, à la Charte des droits, de dispositions garantissant l'égalité aux femmes). Au cours des quinze dernières années, de nombreux groupes féministes se sont formés et plusieurs grandes organisations nationales ont vu le jour. Parallèlement à ces organisations, un solide réseau communautaire s'est formé: maisons de transition pour les femmes battues, refuges pour les mères abandonnées, centres de contrôle des naissances, bureaux d'emploi, garderies, etc.

Durant cette même période, les femmes ont transformé les grandes, institutions traditionnelles: syndicats, partis politiques, églises, etc. De nos jours, les syndicats se battent pour obtenir de meilleurs congés de maternité, pour protéger les femmes des sévices sexuels et pour obtenir que les femmes ne soient pas exposées à des conditions de travail dangereuses pour les fonctions reproductrices. De nos jours, dans les partis politiques, les femmes demandent et obtiennent que les questions "féminines" soient inscrites aux programmes de politiques... De plus en plus de femmes occupent le poste de maire, conseiller scolaire, de conseiller municipal, etc.

Mais ces réalisations encore fragiles sont aujourd'hui menacées. Tout d'abord parce que celles qui ont lutté avec ardeur durant les quinze dernières années se sentent aujourd'hui épuisées et ne sont pas absolument certaines qu' une nouvelle génération de féministes est là, prête à prendre la relève. Ensuite, parce que le pays traverse une crise économique, doublée d'une mutation technologique. Or c'est en période crise que, traditionnellement, les femmes; perdent du terrain. En 1984, les femmes seules de plus de 65 ans constituent le groupe le plus pauvre de la société (deux tiers d'elles vivent au-dessous du seuil de la pauvreté). Viennent ensuite les femmes célibataires, séparées, divorcées ou veuves qui ont des enfants à charge (le nombre de familles monoparentales - mère + enfants - est en rapide croissance). La plupart des femmes qui ont un emploi travaillent dans des secteurs "ghettos", où les possibilités de promotion sont limitées. En moyenne, pour chaque dollar gagné par les hommes, les femmes gagnent 59¢ seulement. Et ces conditions ne se sont aucunement améliorées depuis la création de la commission royale. Au contraire, elles se sont détériorées. Actuellement, beaucoup de femmes ont deux "emplois": l'un à l'extérieur, l'autre au foyer. Pourtant, en termes généraux, la situation économique des femmes n'est pas plus prospère.

Plus que jamais, donc, les femmes doivent s'unir et lutter. Deux grands événements leur en donneront l'occasion: 1) les prochaines élections fédérales; 2) l'entrée en vigueur des dispositions de la Charte des droits garantissant l'égalité aux femmes, en avril 1985. Ce dernier événement est tout particulièrement important. En effet, à compter d'avril 1985, toute loi provinciale qui contrevient aux dispositions de la charte pourra être contestée sur le plan juridique. Par conséquent, il est essentiel d'étudier les lois provinciales existantes, pour déterminer lesquelles doivent être amendées de façon à respecter strictement la charte. Quant aux élections fédérales, elles doivent susciter chez les femmes une double stratégie: une intervention directe au sein des institutions politiques (plus grand nombre de femmes candidates aux élections; plus grand nombre de femmes élues); une intervention extérieure aux institutions politiques, montrant leurs faiblesses, leurs failles... et par conséquent le besoin de changements.



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