Canadain Women's Movement
Archives
|
LE TRAVAIL DE LA FEMME
'Une homme peut travailler de l'aube au crépuscule.
Le travail d'une femme, en revanche, n'est jamais fini".
II y a quelques années, j'entrais en possession de
l'affiche sur laquelle figurait cette inscription, mais les mots suivants y
avaient été ajoutes: "... pas plus qu'il n'est reconnu,
apprécié ou valorisé. Le concept "travail de la femme" est
quelque peu anormal. Le travail de la femme est ménager, sans
importance, non rémunéré. Après tout, celle-ci ne
fait que son travail.
Pour Sherry Dunkley, qui a perdu récemment son
poste d'employée à l'économat de la base militaire des
Forces armées canadiennes de Chilliwack en Colombie-Britannique, le choc
a dû être rude d'apprendre que l'Alliance canadienne de la fonction
publique ne considérait pas les dix ans qu'elle avait passés
comme femme au foyer comme représentant une quelconque
"expérience professionnelle". Ni le travail qu'elle accomplit chez elle,
ni les compétences qu'elle y acquit n'avaient de valeur et ne la
qualifiaient pour être commis dans un magasin d'approvisionnement. Rien
de ce qu'elle avait appris en s'occupant de son intérieur, en faisant
les courses et en gérant le budget familial ne comptait.
Il est temps que ce que les femmes apprennent comme
membres de la main-d'oeuvre non rémunérée soit
accepté et que l'expérience acquise précédemment
soit considérée comme expérience professionnelle. Pour que
le travail de la femme compte, il faut qu'on en arrive à mieux
comprendre les façon dont les femmes apprennent, ce qu'elles apprennent
et le genre de compétences qu'elles acquièrent au fil de leurs
expériences.
Ceci est particulièrement important lorsque le
travail de la femme est miné par la technologie et qu'on la pousse
à suivre une formation qui la conduira à occuper un emploi non
traditionnel. Comme le travail se transforme et que le marché de l'
emploi a besoin de changer, on doit donner aux femme une formation
professionnelle qui ait de l'avenir.
Nous pouvons toutes faire un retour en arrière et
nous rappeler comment nous nous sommes instruites et ce qui nous a
été enseigné. Celles qui parmi nous sont nées dans
les années cinquante, sont arrivées dans un monde où les
familles n'avaient qu'un seul revenu: l'homme de la maison travaillait tandis
que la femme resterait chez elle pour s'occuper des enfants. Dans les
années soixante naquit le mouvement féministe et,
l'économie étant stable, de plus en plus de femmes
entrèrent dans la vie professionnelle. Dans les années
soixante-dix, une récession économique sévit; la famille
ayant deux revenus devint alors la norme et non plus l'exception. Depuis le
début des années quatre-vingts, nous vivons une période de
restriction économiques, de chômage et de revendications pour
qu'à travail de valeur égale le salaire soit égal.
Simultanément, toutefois, nous assistons à une
réapparition des valeurs familiales, la tendance étant aussi de
faire retourner les femmes au bercail.
On a enregistré d'autres cas semblables à
celui de Sherry Dunkley chez des femmes essayant de réintégrer le
monde du travail rémunéré ou reprenant des études
à l'âge adulte. Les connaissances et les compétences que
les femmes ont acquises en tant que travailleuses non salariées -
à la maison ou en faisant du bénévolat - ne sont tout
simplement pas considérées comme s'appliquant à la
main-d'oeuvre rémunérée.
Nous savons que des barrières dans le
système et la structure empêchent les femmes d'avoir accès
à des programmes éducatifs et de formation. Nous
soupçonnons aussi qu'on ne s'occupe pas des modes d'apprentissage des
femmes. Il faut effectuer plus de recherches sur les façons dont les
femmes apprennent. Il faut discuter avec des Canadiennes qui, à l'heure
actuelle, font des études ou suivent des cours de formation. Il faut
mettre au point de nouveaux théories et modèles pour
évaluer les programmes existants et pour déterminer si on tient
compte des modes d'apprentissage des femmes. |