SOMMAIRE
Transmettre les
légendes
par Louise Profeit-LeBlanc
Louise Profeit-Leblanc est née et a
été élevée au Yukon. C'est une Indienne Tutchoni du
Nord de la tribu des Nacho N'yuk Dan de Mayo. À l'origine, son peuple
vivait à Selkirk sur les rives de l'imposant Yukon. Dans son enfance, sa
grand-mère s'occupa d'elle à intervalles réguliers. Les
meilleurs souvenirs qu'elle conserve de ces séjours sont les contes que
sa grand-mère racontait sur ses ancêtres. Ses histoires lui
enseignaient beaucoup de choses car chacune était riche de connaissances
et de bons exemples. Sa fascination n'a pas diminué au fil des ans et la
moralité ainsi que les principes acquis au travers de ces
légendes l'ont aidée. Celles-ci se sont transformées en
force créatrice.
Elle a enseigné la mythologie non seulement
à ses enfants, mais aussi à d'autres qui s'y intéressent,
leur expliquant qu'elle appartient au présent autant qu'au passé.
Lorsqu'elle travaillait au Service de la santé mentale à
Whitehorse, elle se servait de nombreuses légendes. Celles-ci aidaient
les patients, une fois qu'ils en avaient saisi le sens, à déceler
leurs capacités à venir à bout des difficultés et
leurs points forts, dont ils avaient hérité.
"Ce ne sont pas des contes de fées et des
légendes de la mythologie. Ce sont des histoires qui parlent de la
vérité, du courage, des histoires qui sont une source
d'inspiration. Il faudrait les utiliser dans ce contexte et les transmettre aux
autres. Nous sommes un peuple dont l'histoire est orale et notre passé
devrait trouver un écho dans le futur. Il faudrait considérer
comme une mine d'or et de richesses chaque Ancien que l'on rencontre et auquel
on a l'honneur de parler. Si nous commençons à sonder ces joyaux
et si nous fa: s nôtre un peu de leur éclat, nous serons nous
aussi plus riches."
Dans son article impressionniste, Louise Profeit-LeBlanc
raconte comment elle a vécu les récits qu'on lui faisait de son
peuple: "Dès ma plus tendre enfance, j'ai été
bercée par la mélodie de notre passé. Souvent, ma
grand-mère racontait à tous les enfants les histoires qu'elle
connaissait, en général avant l'heure du coucher." Elle explique
aussi comment la culture autochtone se sert de l'art de conter comme outil
d'enseignement et comme moyen thérapeutique.
Elle donne également son point de vue sur l'art
d'écouter:"... écoutez aussi bien avec votre coeur qu'avec vos
oreilles. C'est une réaction à la fois émotive et
mentale". Elle dit qu'il faut qu'une confiance mutuelle s'établisse
entre le conteur et son auditoire pour qu'on puisse retirer le maximum de
l'histoire. Il faut se laisser le temps et le loisir de digérer ce qu'on
a entendu. Il faut laisser à la méditation le temps de faire son
oeuvre. Écouter des légendes augmente le pou voir de
concentration, permet d'être plus discipliné et apprend à
écouter.
Un vieux conteur nous propose ceci comme leçon:
"Vous devez prier pour que ce que vous allez dire soit bien entendu et pour ce
que vous allez dire soit bien exprimé". Louise Profeit-LeBlanc travaille
pour le gouvernement du Yukon comme conseillère en matière de
patrimoine autochtone. Elle est mariée et a trois filles. |