La citation suivante, de Lise Dunnigan, nous procure une vision
de ce que les filles savent des femmes, soit rien:
"La participation directe des grandes femmes de l'histoire
à l'avancement de l'humanité est carrément niée. On
croirait qu'elles n'ont jamais rien fait d'important ou de remarquable, en
dehors d'enfanter les grands hommes. Leurs conditions de vie semblent n'avoir
jamais évolué, n'avoir jamais suscité de révolte.
Le droit de vote qu'elles détiennent aujourd'hui paraît leur
être tombé du ciel, sans qu'aucune d'entre elles n'ait eu à
lever le petit doigt. Elles n'ont pas d'histoire et on ne trouve aucun indice
des changements sociaux importants qui les affectent à l'heure actuelle.
Leur fonction reproductrice est censée les vouer à un rôle
unique, universel et immuable. Seules quelques exceptions confirment la
règle."
Si l'on veut que l'éducation des femmes change, il faut
aussi désexciter les contenus et les programmes. Désexciter les
contenus, cela signifie faire rentrer les femmes en tant que groupe social dans
le savoir; c'est parler de leur vie quotidienne d'aujourd'hui, d'hier et de
demain, ici et ailleurs dans le monde; c'est parler de leur participation et de
leur contribution à l'évolution de l'humanité.
Désexciter les programmes, cela signifie les revoir en profondeur, en y
mettant des exigences similaires. Par exemple, comme le note Jane Gaskell, ne
pas limiter l'apprentissage de l'ordinateur à l'entrée des
données dans le cas du secrétariat.
5. Mais pour désexciter l'éducation, il faudrait
aussi renverser la hiérarchie du pouvoir et du savoir. Et là, le
bât blesse. Car plus on monte dans la hiérarchie du pouvoir et
dans celle du savoir, et moins il y a de femmes. La situation actuelle se
détériore. En voici un exemple. Selon les récentes
données du Conseil supérieur de l'éducation, il y a entre
1975-1976 et 1981-1982 une baisse du nombre de femmes de 31,7% à 26,7%
à la direction des écoles primaires et secondaires.
Conclusion
Pour changer, il faut donc s'attaquer à un ensemble
d'éléments, dont certains sont globaux, d'autres
spécifiques. Certains changement nécessitent des actions plus
individuelles, d'autres plus collectives.
Il y a certes bien d'autres changements qu'il faudrait faire; je
pense à l'organisation du travail dans la classe, la participation
à la vie étudiante, à l'absence de filles en sciences, au
non-dit à l'école (par exemple, la violence, la
sexualité). J'ai tenté seulement de faire ressortir certains
changements qui devraient permettre de mieux outiller les femmes de demain pour
poursuivre la lutte de celles qui réclament depuis des décennies
des changements au niveau du pouvoir politique, économique et social,
pour enfin parvenir à une société où n'existerait
plus de division fondée sur le sexe de la personne, une
société où femmes et hommes seraient humains.
Claudie Solar est responsable de programme, à la
faculté de l'éducation permanente à l'université de
Montréal. La version intégrale de son article, avec les
références bibliographiques, sera publiée dans les actes
du colloque du CCPEF.
NONSEXIST
EDUCATION
by Claudie Solar
(English Precis)
Claudie Solar discusses education as a foundation for future
society, and tackles the issue of nonsexist education a goal of the women's
movement for over 50 years.
Her paper is in three parts: an historical survey of
educational policies, a look at current criticisms and suggestions which might
end "masculine" educational practice as it continues today.
Changes in personal attitude, as well as restructuring of
classroom activity are proposed in order that sexual division may be replaced
with humanistic concerns, and that young women as well as young men may receive
the tools they will need for future social, political and economic involvement.
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