Dès 1974, le Conseil du statut de la femme s'attaquait au problème des stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires. Lise Payette en faisait son cheval de bataille quand elle fut ministre d'État à la condition féminine. Cette bataille est loin d'être terminée car aux stéréotypes des manuels se greffent tous ceux des mass-media, de la littérature, des films, etc. Et leurs effets sont dévastateurs. Voici brièvement les cinq thèmes récurrents qui se retrouvent dans l'ensemble des stéréotypes présentés aux filles et garçons.
Les conséquences de cette récurrence des thèmes sont que les garçons intériorisent un certain négativisme, ou un négativisme certain, par rapport aux filles et à leurs activités. Pour changer, l'éducation dès le plus bas âge doit pallier à la situation en présentant plus d'images de femmes positives, actives, non victimes, devant leur réussite à leurs efforts personnels et en réajustant les images d'hommes à la réalité. Les garçons sont peut-être soumis à une socialisation encore plus intensive à leur rôle social que les filles. Il semblerait donc plus que souhaitable d'offrir aussi aux garçons des images moins monolithiques des hommes. Nous pourrions tenter, selon la thèse de Robert Hefner, de favoriser chez les enfants une transcendance des rôles selon le sexe; c'est-à-dire de dépasser les stéréotypes féminins et masculins pour choisir sa façon d'être dans l'éventail complet des caractéristiques humaines. 3. Les féministes ont également dénoncé l'orientation des filles en milieu scolaire. Les filles sont peu encouragées, tant à l'école que par leurs parents et ami-e-s à suivre des cheminements non traditionnels et à développer des aspirations et des attentes personnelles différentes de celle d'être mère et épouse d'un mari ayant un statut social supérieur. Comme le révèle à nouveau le dernier avis au Ministre du Conseil supérieur de l'éducation sur la situation des femmes dans le système d'enseignement, "les filles, dans leur ensemble, ne considèrent pas le travail comme un facteur important de réalisation personnelle et ne se préparent pas à assumer leur autonomie financière". Pourtant, 88% d'entre elles auront à subvenir à leurs besoins, à un moment ou à un autre de leur vie. Massivement, les filles choisissent les "options liées au secrétariat, à la santé et à l'éducation" . Pour changer, il s'avère donc essentiel de désexciter les pratiques en matière d'orientation scolaire mais aussi d'information scolaire. Des efforts sont entrepris dans ce sens, mais les toutes récentes statistiques que nous fournit le Conseil supérieur de l'Éducation ne nous indiquent pas de changement tangible. 4. Un effort dans ce domaine ne saurait suffire si l'on n'y adjoint pas de l'information. Car les filles ne savent rien des femmes et de leur monde tandis qu'elles savent tout des hommes et de leur monde. À mon avis, cette absence de connaissances est un des piliers de la masculinité de l'éducation. L'omission des femmes dans les programmes de formation constitue l'un des moyens le plus efficace de maintien d'un système inégalitaire et discriminatoire. Tout système de colonisation ou d'oppression utilise, pour se maintenir en place, une éducation centrée sur la culture du colonisateur ou de l'oppresseur comme l'ont décrit des hommes comme Paulo Freire et Albert Memmi, mais aussi des femmes telles Simone de Beauvoir, Retty Friedman, Marilyn French, Florence Howe et en passe. |
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