La lecture ... Vous aimez?


Par Sophie Arthaud

Près de cinq millions de Canadiens adultes ignorent tout du plaisir de la lecture car ils sont soit complètement, soit fonctionnellement analphabètes. Et parmi les gens qui savent lire, la lecture est un passe-temps qui se perd semble-t-il. Face à ces statistiques, qui n'augurent rien de bon pour l'industrie du livre, l'Association canadienne des libraires (CBA) a décidé de se joindre au combat contre l'analphabétisme. Elle a annoncé cette décision lors de son congrès annuel, auquel j'assistais.

Bien qu'il n'existe pas de données officielles sur le déclin dans les habitudes de lecture au Canada, Serge Lavoie, directeur de l'Association canadienne des libraires, estime que la baisse est probablement la même qu'aux États-Unis. Or des statistiques publiées tout récemment de l'autre coté de la frontière indiquent une chute de 10% du temps global consacré à la lecture par les Américains depuis 1975.

Pour lutter contre le premier de ces deux problèmes, celui de l'analphabétisme, l'industrie canadienne du livre compte suivre un programme qui s'inspire d'un projet américain lancé par l'éditeur Harold McGraw. Comme aux États-Unis, où plus de 50 millions de gens sont fonctionnellement analphabètes, l'industrie du livre au Canada lancera des campagnes de collecte de fonds pour financer des programmes d'alphabétisation, elle exercera des pressions auprès des gouvernements, et mènera un projet de sensibilisation du public. Bien qu'il n'y ait pas de consensus sur la définition de l'analphabétisme fonctionnel, le Canada accepte généralement les normes de l'UNESCO qui classent parmi les analphabètes toute personne n'ayant pas achevé sa dixième année d'étude - ceci pour les pays industrialisés. Au Canada, un adulte sur cinq est donc fonctionnellement analphabète.

Le second problème s'annonce tout aussi difficile à résoudre que le premier. Comment cultiver le goût de la lecture chez les gens? Actuellement, 60% des Canadiens se considèrent amateurs de lecture. Mais ce pourcentage provient d'une en-quête de Statistique Canada où un amateur de lecture est défini comme quelqu'un qui a lu un livre dans les six dernières semaines. Un livre toutes les six semaines, dit l'Association canadienne des libraires, c'est peu. Et cela montre aussi que 40% des répondants n'avaient pas lu de livres dans les six semaines précédant l'enquête.

Que lisent les gens qui aiment la lecture? Selon l'enquête de Statistique Canada, les goûts des hommes et des femmes diffèrent: 21% des hommes lisent régulièrement des textes historiques et scientifiques, contre 9% chez les femmes; 17% des hommes lisent régulièrement des ouvrages de science-fiction, contre 7% chez les femmes mais 12% des femmes lisent, régulièrement des livres sur la médecine et la santé, sur les enfants, contre 5% chez les hommes; 28% desimage femmes lisent régulièrement des romans, contre 2% seulement chez les hommes. Il faut noter aussi que les femmes semblent un peu plus portées à lire que les hommes: 64% des femmes disent lire régulièrement, contre 52% des hommes. Parmi tous les livres lus chaque année au Canada, environ 20% sont d'auteurs canadiens ou publiés par des maisons d'édition canadiennes; 80% sont importés, des Etats-Unis, d'Angleterre et de France surtout.

Les Canadiens lisent surtout pour se détendre et s'évader (raison première citée par 68% des hommes et 80% des femmes). Parmi les raisons secondaires viennent le besoin de s'informer et le souci de se cultiver. Si les Canadiens ne lisent pas toujours autant qu'ils le voudraient, c'est par manque de temps disent-ils. Seuls 12% des répondants mentionnent le coût des livres comme un obstacle à la lecture...

Si, comme moi, vous aimez passionnément la lecture, vous savez de quels plaisirs - et de quelles découvertes - sont privés tous ceux et toutes celles qui ne savent pas lire ou qui n'ont jamais eu le goût de lire... image

Wendy Wortsman



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