Souvenirs de Nairobi Entrevue de Charlotte Thibault Charlotte Thibault, a delegate from Relais Femmes de Montréal to Forum '85 in Nairobi, is interviewed by Liliane Blanc, Co-ordinator of La Fédération des femmes du Québec. Charlotte describes her impressions of the Forum and relates some shared experiences with other women of the world. In particular, she describes the differences and similarities between Western and Third World women. Charlotte Thibault faisait partie de la Délégation canadienne qui a participé au Forum de Nairobi. Elle était déléguée de Relais Femmes de Montréal. Elle est interviewée ici par Liliane Blanc, coordonnatrice de la Fédération des Femmes du Québec. L: Avais-tu un mandat spécial en allant à Nairobi? C: Le Secrétariat d'état nous avait choisies'en tant que femmes représentatives de l'ensemble des femmes du Canada. Nous devions être prêtes à diffuser l'information pertinente soit avant de partir - dans mon cas j'ai participé à une émission de télévision à Radio Québec - soit en revenant. L: Pourrais-tu nous situer le Forum par rapport à la Conférence officielle? C: Le Forum était un immense Congrès international ouvert à toute personne désireuse d'y participer et à des représentantes d'organismes non gouvernementaux comme les groupes de femmes. Nous étions 13 000 femmes ensemble. La conférence officielle des Nations Unies se trouvait dans un autre coin de Nairobi et réunissait les délégués des gouvernements et des représentants d'organismes gouvernementaux. Pendant un certain temps, les deux événements se chevauchaient. L: Veux-tu dire que vous aviez des activités communés? C: Non, ils se chevauchaient dans le temps. Mais les gens de la Conférence officielle venaient faire un tour au Forum car c'est là que c'était le plus intéressant. L: Avant de partir, tu t'attendais à quoi? C: Mes attentes étaient minimales. On nous avait d'abord dit que, pour des raisons politiques, le Forum risquait de ne pas avoir lieu, qu'on se retrouverait probablement dans une Tour de Babel incroyable et qu'on ne verrait rien, qu'on ne comprendrait rien. Je me disais donc que, si au moins je pouvais rencontrer une personne intéressante par jour, je n'aurais pas perdu mon temps. Je me disais aussi que j'allais découvrir l'Afrique et participer pour la première fois à une grande rencontre internationale. L: 13 000 femmes ensemble, qu'est-ce que ça représente? C: C'est un choc, un grand choc. Disons que là-dessus, il y avait au moins trois ou quatre mille féministes. C'est tout d'un coup se rendre compte de la force qu'on est. Pour l'ouverture, on était trois mille à l'intérieur du Kenyatta Centre, venant de différents pays, là, ensemble. On s'est mis à chanter la chanson thème "We are the World". C'est impressionnant. Une des rares occasions où on pouvait sentir la force des féministes, dix ans après. L: Quand tu dis la force, est-ce que tu as senti quelque chose de très physique? C: C'était physique, oui. On sentait à quel point il y avait des choses qui évoluaient. On sentait, malgré nos différences culturelles, à quel point on se rejoignait. L: Le Forum se déroulait comment? C: Comme dans tous les colloques de groupes de femmes ou encore les colloques universitaires, avec des présentations et des ateliers. Parfois des ateliers dans des salles de classe, parfois dans des auditoriums. On faisait des bilans et on échangeait des opinions. Souvent, les choses importantes étaient dites par les femmes de la salle: elles parlaient de ce qu'elles vivaient, ça nous permettait de repérer celles qui nous ressemblaient et avec qui on pouvait échanger des impressions. Dans les groupes de travail, les femmes faisaient surtout des bilans et leur temps était très limité. |
Back | Contents | Next |