L: Tes choix d'ateliers étaient-ils déterminés à l'avance, ou pouvais-tu te décider au dernier moment?

C: On pouvait choisir au jour le jour mais avec le risque de tomber sur une salle déjà archi-pleine. Mais parfois certains ateliers que nous avions choisis à l'avance étaient annulés, faute de personnes-ressources présentes. C'est ainsi que j'ai du choisir, une fois, un atelier au dernier moment. Je me suis retrouvée par exemple avec des femmes traitant de "La prostitution à travers le monde" et non pas comme je l'avais prévu de "Network/Centres de documentation".

L: Vu le nombre impressionnant d'ateliers, lesquels as-tu pu visiter?

C: Étant moi-même de formation universitaire et également issue des groupes de femmes, en contact permanent de par mon travail à Relais Femmes avec le milieu universitaire, je ne savais jamais où aller: est-ce que je devais être dans le réseau des "Women's Studios" continuellement et parler de questions académiques? Ou bien est-ce que je devais aller débattre des thématiques abordées par des groupes où j'avais déjà milité et me retrouver essentiellement avec les Européennes et les Nord-américaines?

Une fois le bilan établi sur le fonctionnement de la recherche action, sa diffusion, les grandes tendances, etc., ce n'est pas tout. J'aurais aimé aller plus dans les ateliers plus concrets, aborder les thèmes propres aux femmes du Tiers-monde, mais je manquais d'expérience en développement international.

J'étais toujours ambivalente sur mes choix d'ateliers.

L: Il y avait donc des ateliers disons "techniques" et des ateliers qui abordaient plus le quotidien des femmes?

imageC: Les ateliers regroupaient les grands thèmes de la Conférence: "égalité - développement - paix". Il y avait aussi des ateliers propres aux grands réseaux déjà existants comme les associations de femmes juristes qui couvraient tout ce qui pouvait toucher au plan juridique: les chartes, les constitutions, le droit matrimonial... comme dans un congrès normal. Les "Women's Studios" avaient également leurs séries d'activités sur ce qui se passait dans le secteur universitaire: enseignement, recherche. Dans le secteur des groupes de femmes, c'était plus compliqué. Le choix d'ateliers était plus difficile. Prenons par exemple un dossier comme la violence familiale: il n'y avait pas de grand réseau, on se retrouvait sur des thèmes très particuliers, pas coordonnés. On pouvait avoir l'impression qu'on n'était pas dans le bon atelier et que l'information qu'on cherchait se donnait ailleurs. Le choix d'ateliers était plus difficile et j'ai trouvé ça bien frustrant.

L: As-tu ressenti un choc culturel occident/Tiers-Monde?

C: Le choc était important. Les femmes du Tiers-Monde nous parlaient de leur lutte pour leur famille et non pour elles seules. Lutte pour se loger, s'instruire, survivre. Nous, nous en étions à parler de plans de pensions, régimes de rentes. Il y avait un décalage. Les liens entre nos préoccupations et les leurs étaient difficiles à faire. Ça ne remet pas en question toutes les démarches qu'on fait ici mais ça nous oblige à nous soucier de ce qui se vit ailleurs et à aider dans la mesure du possible. Pour les femmes du Tiers-monde, la survie quotidienne, la libération de leur peuple passent avant leur lutte propre. Elles ont besoin de notre appui.

L: Et le choc politique? On a parlé ici dans les journaux de l'espèce de suprématie des Américaines à Nairobi?

C: C'était jamais très clair. Mais c'est sûr que les Américaines arrivent en dominantes. Elles ont eu par exemple, au début, des problèmes de logement; les Canadiennes aussi en ont eu. Mais alors que nous, nous essayions de résoudre ça à l'amiable, elles, elles étaient prêtes à alerter les réseaux de presse, à manifester. Elles prenaient aussi beaucoup de place dans les ateliers. Mais dans l'ensemble, ça s'est bien passé.



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