SOMMAIRE
Lillian Nakamura Maguire
Lillian Nakamura Maguire est coordonnatrice des
programmes de perfectionnement des compétences personnelles au
Collège Yukon à Whitehorse. Elle est inscrite au programme de
maîtrise d'éducation aux adultes à l'Université
Saint-François-Xavier en Nouvelle-Écosse, et étudie donc
à distance, toute seule. Elle dirige aussi le CCPEF du Yukon. C'est
Janet Patterson, qui a été professeur d'anthropologie sociale,
d'études autochtones et d'études de la femme qui lui a fait
passer l'entrevue. Elle a travaillé dans des collèges
communautaires où elle plaidait la cause des femmes et s'occupe
maintenant du planning social pour le district de Vancouver Nord. Elle dirige
aussi le CCPEF de la Colombie-Britannique.
L'entrevue porte sur les problèmes et les occasions
uniques qui, dans le Nord, se présentent aussi bien aux apprenantes
qu'aux enseignantes. Vu qu'elle n'a ni collègues ni contact avec des
institutions soeurs, l'enseignante se sent seule. Elle doit donc compter sur
les ressources de la collectivité locale et sur ses étudiantes.
Elle apprend très vite que pour bien enseigner, il faut comprendre cette
culture et l'intégrer à l'apprentissage. Ainsi donc l'enseignante
et ses étudiantes deviennent apprenantes. "En vous appuyant sur le
système de valeurs, la culture et le mode de vie de chaque personne,
vous créez dans la salle de classe une nouvelle culture, une nouvelle
philosophie qui représentent toutes les étudiantes
présentes. ... J'arrive avec mon vécu, même si je ne sais
pas très bien en quoi peut consister ma culture.
"Je suis une Nisei, c'est-à-dire une
Canadienne-Japonaise de la première génération. Mes
parents sont arrivés au Canada à la fin des années 1930.
Ils se sont installés en Colombie-Britannique où ils ont
été internés; plus tard, ils ont
déménagé en Saskatchewan, province dans laquelle je suis
née. Je ne parle pas japonais... Depuis une dizaine d'années, je
commence un peu mieux à comprendre ma culture, je saisis mieux en quoi
je suis peut-être différente des autres. C'est en travaillant avec
des autochtones du nord de l'Alberta que j'ai pu en arriver là.
"Je pense que la principale leçon que je peux
tirer est que l'apprentissage et l'enseignement relèvent d'un processus
de réciprocité... J'ai fait un atelier avec des femmes au foyer
et des agentes de liaison dans les écoles, toutes autochtones. À
la fin de l'atelier, elles m'ont offert un ravissant objet d'artisanat et l'une
des participantes m'a dit ceci: "Vous nous avez fait don de vos talents
d'enseignante... Pour vous montrez que nous avons beaucoup appris, nous vous
rendons ce don." "Voilà ce qu'est l'éducation aux adultes: chacun
apprend quelque chose de l'autre". |