L'éducation des femmes en
milieu rural et dans le Nord
Rédiger ce numéro du magazine avec
Janet Armstrong, ex-membre du conseil d'administration du CCPEF dans les
Territoires du Nord-Ouest, et Dorothy Robbins, membre du conseil
d'administration de Terre-Neuve, a été pour moi une
expérience très enrichissante. J'ai appris à quel point il
était complexe d'envoyer des articles par courrier électronique
de Iqaluit, Territoires du Nord- Ouest, jusqu'à Whitehorse, Yukon;
d'essayer de s'en tenir aux dates d'échéance, que la
rédactrice en chef, Elizabeth Amer, et Aisla Thomson, directrice
exécutive, repoussaient patiemment; et de surmonter la PEUR que je
ressentais face à cette tâche pour laquelle je n'avais aucune
expérience! Je remercie toutes les personnes que j'ai mentionnées
précédemment ainsi que Janet Patterson, présidente du
comité de rédaction, laquelle m'a encouragée et soutenue.
J'espère qu'à la lecture du travail excitant qui est
effectué dans le Nord, vous en viendrez à apprécier les
problèmes et les défis auxquels les femmes du Nord sont
confrontés en tant qu'enseignantes et apprenantes.
Pourquoi avoir ressenti le besoin de publier un
numéro spécial sur l'éducation et l'apprentissage des
femmes dans le Nord? Peut-être parce que les problèmes auxquels
sont confrontées les femmes dans ces régions reculées sont
les mêmes que ceux qu'ont à résoudre nos soeurs du Sud.
Chez nous, de nombreuses communautés n'ont pas les services de soutien
nécessaires, comme des garderies adéquates et abordables, des
services de transport (surtout pour les femmes vivant hors des centres urbains)
et une aide financière permettant de maintenir un niveau de vie
acceptable.
À ces problèmes, s'ajoutent souvent
l'éloignement, qui rend difficile l'accès aux ressources, les
barrières culturelles et la pénurie d'emplois dont souffrent les
petites communautés. Si d'un côté les femmes sont souvent
celles qui poussent au changement dans les communautés, elles craignent
d'un autre côté que, si elles s'instruisent, leur famille
souffrira de ce nouvel état de choses. Parmi les articles publiés
dans ce numéro, beaucoup expliquent comment les femmes ont réussi
à surmonter ces obstacles. Ainsi, Jeanne Beaudoin, une francophone du
Yukon, et Louise Profeit-Leblanc, une conteuse indienne, analysent avec
perspicacité le rôle que joue la culture dans l'apprentissage et
l'enseignement. Profeit-Leblanc encourage l'utilisation des mythes et des
contes indiens pour aider le peuple indien à trouver une direction
spirituelle et une conscience culturelle. Raconter des légendes donne
l'occasion au conteur et à son auditoire d'établir des relations
plus profondes et plus chaleureuses.
L'éducation des femmes adultes se fait grâce
au développement économique de la communauté, au
théâtre populaire et à l'éducation à distance
à Terre-Neuve. Le thème sous-jacent de ces activités est
de donner plus de pouvoir aux groupes qui sont sous représentés
dans le secteur de l'éducation aux adultes. Dans les Territoires du
Nord- Ouest, les méthodes employées au théâtre
populaire ont marché à merveille pour enseigner aux apprenantes
à communiquer oralement et par écrit, pour leur faire prendre
conscience des problèmes qui se posent au niveau social et des solutions
qui y sont possibles, et surtout pour augmenter leur confiance en
elles-mêmes. Le cours sur les études de la femme, que
décrivent Joanne Prindiville et Cathryn Boak, a permis aux
Terre-Neuviennes qui vivent dans l'isolement de pénétrer dans un
cercle féministe et de mettre au point des tactiques pour changer leur
vie.
Faute d'éduquer TOUS les secteurs de la
communauté, en particulier les femmes et les autochtones, le
développement économique ne se fera pas, quelles que soient les
mesures prises par le gouvernement. Comme on dit, les femmes sont vraiment
maîtresses de la moitié du ciel, et en vérité ce
sont elles qui souvent mènent les communautés reculées ou
du Nord. Les services bénévoles qu'elles rendent ne sont pas
reconnus, même si ce sont elles qui s'occupent d'organiser des programmes
récréatifs et des activités pour les enfants d'âge
préscolaire ou de procurer aux femmes victimes de la brutalité de
leur conjoint des foyers d'accueil.
Le dévouement dont elles font preuve à
l'égard des familles et des enfants de la communauté est souvent
pris pour acquis. Pourtant, ce sont elles les grandes éducatrices. Ne
sont-elles pas dans de nombreuses communautés celles qui font preuve
d'un esprit novateur et créatif en proposant des méthodes
d'enseignement et d'apprentissage fondées sur les principes de
l'égalité des chances et de l'augmentation de pouvoir de tous les
secteurs de la société. |