Dans le secteur de la création d'emplois, le PEP a aidé des particuliers et des groupes à mettre sur pied de petites entreprises en leur offrant gratuitement ou à moindres frais des services en gestion; il a également permis à certains dans la collectivité de démarrer leur propre affaire en leur procurant des petits prêts ou des garanties de prêts, faute de quoi ils n'auraient pas pu le faire. Le PEP a travaillé de concert avec des entreprises existantes pour que des emplois n'y soient pas supprimés et a aussi apporté son soutien à des projets d'expansion grâce auxquels de nouveaux emplois sont créés.

Le PEP a récemment lancé deux entreprises pour son propre compte; la corporation communautaire en est la seule propriétaire et ce sont des femmes de la collectivité qui les dirigent et les administrent. L'une est un service informatisé de comptabilité pour les petites entreprises (CRESO) et l'autre un cabinet d'experts-conseils en matière de développement économique communautaire et local (IFDEC). CRESO est dirigé par une ex-bénévole du PEP, qui s'est formée toute seule, et qui, voilà quatre ans, subvenait péniblement à ses besoins et à ceux de ses trois filles, mois après mois, avec pour seules ressources un maigre chèque du bien-être social.

Le PEP a fait preuve d'une grande créativité, surtout dans le domaine du financement des petites entreprises, en étant l'un des principaux instigateurs du Fonds développement emploi Montréal. En utilisant l'effet de levier de la presque totalité des 300 000 dollars que le gouvernement du Québec avait mis à sa disposition pour l'investissement, le PEP s'est joint à deux autres corporations de développement communautaire de Montréal, la Ville de Montréal et le Fonds de solidarité du Québec, pour créer un fonds d'investissement de 2 millions de dollars. Le Fonds offre un capital-risque pour les frais de démarrage des entreprises qui créeront des emplois dans trois quartiers du sud de Montréal, dont Pointe St-Charles. Les trois corporations communautaires exercent un contrôle majoritaire sur le fonds.

Outre la création d'emplois, le PEP attache aussi une importance prioritaire à la formation professionnelle. En raison du grand nombre de personnes qui n'avaient pas travaillé pendant de longues périodes (femmes chefs de famille, femmes au foyer, jeunes qui n'ont jamais occupé d'emploi stable), il fallait insister sur plusieurs types de formation pour aider les gens à se préparer aux emplois nouvellement créés. Le PEP a aussi mis sur pied sa propre banque d'emplois grâce à laquelle des douzaines d'habitants du quartier ont été embauchés dans des entreprises voisines.
    Le PEP a également joué un rôle-clé en exerçant des pressions sur les différents niveaux du gouvernement et sur le secteur privé pour que ces derniers interviennent dans cette zone urbaine à l'abandon. Parmi les initiatives qu'ils ont prises, l'une des premières fut d'élaborer un plan complet de développement urbain pour riposter au manque de planification de la municipalité et au spectre grandissant d'une urbanisation destinée aux nantis. Grâce à ce programme, des commerçants du quartier ont aussi bénéficié d'un soutien pour former leur propre association, première étape pour redonner vie à l'artère commerciale du quartier.

Au printemps 1987, après qu'on eut annoncé la fermeture de deux autres usines, entraînant la disparition de 1000 emplois, le PEP s'est joint à des syndicats locaux et à des groupes communautaires de Pointe St-Charles et des quartiers avoisinants pour former Urgence Sud-Ouest. De ce mouvement de pression devait naître le Comité de relance de l'économie et l'emploi du sud-ouest de Montréal (CREESOM). Ce comité se compose de représentants des gouvernements municipal, provincial et fédéral, du secteur privé, des syndicats et de la collectivité locale. Le PEP siège au comité et l'analyse qu'il a faite des problèmes sévissant dans la région a servi de point de départ à la mise sur pied du plan de travail du comité. Le mandat du CREESOM n'est pas seulement d'étudier la situation; il se doit aussi de proposer des mesures concrètes visant à améliorer l'économie locale et de trouver les moyens de mettre en oeuvre ces mesures. Le premier rapport sera publié au début de 1989.
    Après quelques années d'existence seulement, que peut-on dire de ce projet pilote? Si l'on s'en tient aux normes officielles appliquées à l'économie (nombre d'emplois créés, nombre de personnes qui ne touchent plus les allocations de chômage et les prestations sociales, taux des bénéfices, etc.), les résultats obtenus sont encourageants, bien que très modestes en comparaison des besoins existants.
    Pourtant, ceux qui ont participé au PEP et ceux qui l'ont observé de près ou de loin s'entendent à dire qu'il s'agit certes d'une expérience positive et stimulante, mais que le développement économique communautaire, qu'il se fasse à Pointe St-Charles ou ailleurs, mérite un soutien plus grand et des signes d'encouragements plus nombreux. On s'est rendu compte que pour que des projets de développement réussissent, il fallait que tout le monde dans la localité y participent. Dès le début, ceci ne fit pas l'ombre d'un doute à Pointe St-Charles. Lorsque ses habitants se mirent à analyser les problèmes de sous-développement du quartier, ils proposèrent très rapidement des mesures qui témoignaient de leur profonde connaissance des problèmes quotidiens et d'ordre pratique: changer l'itinéraire de la ligne d'autobus pour permettre la reprise des activités commerciales, adapter certains programmes de formation et maintenir des zones d'urbanisation mixtes pour laisser place à l'initiative dans le domaine économique.



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