Building Communities for Change


INTERVIEW WITH JOAN KUYEK BY SUSAN WISMER

Entrevue avec Joan Kuyek
par Susan Wismer

"Le féminisme, c'est plus que le droit de choisir quand avoir un enfant ou d'obtenir des soins pour ses enfants. Ce que remet en question le féminisme est beaucoup plus fondamental, à savoir la répartition du pouvoir et des richesses dans le monde. Le développement économique communautaire entend se pencher sur le problème que pose l'inégalité de la répartition des biens et faire en sorte que les dollars restent le plus longtemps possible dans la collectivité, au lieu qu'ils n'aillent directement aux banques, aux sociétés de prêts sur hypothèques ou aux corporations propriétaires de supermarchés. Au gouvernement et dans les grandes compagnies, développement économique signifie en général ne pas contrarier l'élite. Nous devons mettre sur pied des plans économiques communautaires qui reflètent une optique différente de la collectivité. Nous devons créer une collectivité de base de façon à pouvoir partager ce que nous avons. Dans ce pays, si tout le monde partageait sa richesse, chacun de nous aurait 75 000 dollars par an. Un groupe de femmes de Sudbury a proposé au gouvernement de l'Ontario d'exploiter une ancienne ferme, située à une trentaine de minutes de la ville, qui jadis recevait des prisonniers et produisait suffisamment de légumes, de viande et de produits laitiers pour nourrir ces pensionnaires. La proposition était la suivante: mettre sur pied une forme d'agriculture régénératrice et des coopératives de travailleurs qui s'occuperaient de cultiver la terre, de traiter les produits laitiers, de construire des bâtiments, de promouvoir le tourisme et de gérer un foyer de placement familial. Nos recherches semblaient indiquer qu'il faudrait dix ans pour que l'exploitation soit financièrement autonome. Entre-temps, il faudrait que le gouvernement accorde une subvention de 2 millions de dollars pour que les bâtiments soient rénovés, etc. Au début, personne ne nous prit au sérieux. Quelque temps plus tard, toutefois, le gouvernement fit une étude du projet, étude qui lui coûta 80 000 dollars et dont la conclusion fut que le projet n'était pas réalisable. Le gouvernement n'avait d'aucune façon pu évaluer les conséquences qu'auraient eues à long terme notre projet sur le sol, le bien-être de la collectivité et sur les enfants. Ce que le gouvernement fit : il vendit les terres au prix de 65 dollars l'acre au Département de la Défense nationale qui les convertit en champ de tir. Je pense que nous sommes en pleine crise politique dans ce pays et qu'il est temps que nous commencions à bâtir le genre de société où nous aimerions vivre. Nous devons être soutenues pour pouvoir prendre des risques. Je suppose que c'est la raison pour laquelle je m'efforce d'ériger des collectivités fortes ».

Joan Kuyek s'occupe d'organisation communautaire depuis 23 ans. Depuis deux ans, elle travaille pour l'Église unifiée.

SUSAN: Right now you're working as Economic Justice Coordinator with the United Church. What does that mean?

JOAN: As Economic Justice Coordinator of the United Church of Canada, I'm the National Animator for a project called The Church and the Economic Crisis, which means I work with United Church people to help them understand how the economy works and to feel empowered to change it. I travel all over the country putting networks of people together, trying to help people in churches talk with community activists. We fund ten regional projects. One is at Six Nations Reserve in Ontario where a young woman named Kathy Hanhawk is working with young people on the reserve to help them understand how the economy works and what it has to do with land claims.

SUSAN: Has your current work changed your thinking about the meaning and importance of feminism?

Joan Kuyek

Joan Kuyek

JOAN: I think it has been affirmed for me. It has reinforced the sense I've had over the last number of years that feminist issues aren't only freedom of choice and reproductive rights and childcare. They're issues that deal with basic questions of the distribution of power and wealth in the world. And, increasingly, everywhere it's women who are beginning to take leadership and assert the primacy of their values. I believe that we, as women, have a lot of organizational skills and experience that are hard for men to get- about building community, about helping people learn to trust each other and work together, about making the world safe for our children. It's up to us to change the world, nobody else is going to do it.

SUSAN: There is a lot of emphasis currently on community economic development and, in terms of government money, lots of emphasis on entrepreneurship as the strategy of choice. What are your thoughts on the pitfalls and potentials of community economic development and entrepreneurship as feminist approaches to economic development?



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