Parcours de formation


PAR CLAUDIE SOLAR

Claudie Solar
Claudie Solar

Si l'on est Québécoise et que l'on a cinquante ans ou plus en 1990, cela veut dire que l'on est née en 1940 ou avant. En termes politiques, cela signifie que l'on est né à une époque au Québec où les femmes n'avaient pas le statut de citoyenne, bien qu'elles l'aient eu au niveau fédéral où elles étaient reconnues comme des personnes.

Au niveau de l'éducation, cela signifie qu'elles étaient enfants quand l'instruction publique devint obligatoire en 1943 et l'enseignement secondaire du cours classique gratuit en 1945. Elles ont fréquenté l'école avant la démocratisation des années 60 et la réforme scolaire qui a suivi le rapport Parent. Surtout, elles ont grandi alors que l'instruction des filles étaient encore jugées sans importance. C'est donc dire que les femmes de cinquante ans et plus ont sûrement suivi une formation qui:

  • ne dépasse pas le primaire
  • est teintée par l'enseignement religieux et les travaux ménagers1
  • se déroule dans les instituts familiaux ou "écoles du bonheur"2
  • prépare professionnellement au secrétariat, aux soins infirmiers ou à l'enseignement
  • valorise essentiellement les rôles de mère et d'épouse.

De toutes façons, la formation repose sur le principe qu'il existe une nature féminine3 ce qui teinte bien sûr le contenu enseigné mais aussi la relation pédagogique. Ce principe entâche les valeurs transmises du sceau de la soumission et du dévouement aux autres. La formation possède un caractère masculin4 qui s'inscrit dans un système patriarcal.

Certaines femmes connaissent un parcours différent puisque les religieuses leur ont ouvert les portes des collèges classiques5 et que les universités leur ouvriront progressivement les leur emboîtant le pas par la suite les établissements professionels.6 Mais ces femmes appartiennent à l'élite de la classe riche ou tout au moins aisée car la formation est coûteuse. Elles sont donc peu nombreuses celles qui ont connu une formation générale semblable à celles des garçons.7 Encore fallait-il qu'elles puissent se servir de cette formation8 sur le marché du travail.

Older Quebec Women's Education

BY CLAUDIE SOLAR

Older Quebecois women, this article reminds us, were born into a time in Quebec history that denied women the rights of citizenship. And they were 'educated' in a society and a school system, that did not consider girls' education to be important.

As a result, most of today's older Quebecois women would have received, as girls, a short and ghettoized educational experience. If they had professional training, it was most often in preparation for secretarial work, teaching or nursing. But for the most part they were trained to be wives and mothers, while the reality of women's lives, and their history, were ignored.

For all of these reasons, and more, women who worked outside the home come to the work force ill - prepared. But women had few options for improving their skills. Some entered institutions for adult education where they encountered yet another patriarchal system, which did no more than send capable women (back) into a work force that exploited women in low-paying job ghettoes and refused their advancement.

For women seeking learning opportunities other than professional training, there was little available. Women established their own non-institutional networks to teach themselves, and other women, what they needed to know. They formed community groups, feminist groups, groups for social change. It was in these groups that many women, now older, had their first brush with feminism.

Many women who did not find their way into groups found learning opportunities on their own. They sought their learning through books, films, conferences, talks with friends and other forms of culture. In this way, women could develop the skills of their choice, based specifically on their own needs.

One by one, group by group, many Quebecois women came into feminist consciousness, drawing the links between the realities and oppression in their own lives, and in the lives of other women.

Claudie Solar is inspired by the ingenuity of these older women in finding the education they needed, without institutional or social support. She notes, however, that as feminist knowledge filters into the patriarchal institutions of learning, it will continue to reach more and more women.



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