Dominique Drolet
Dominique Drolet
Des engagements manifestes

Ces caractéristiques sont majoritairement l'attribut des filles, mais ne doivent en rien être perçues comme des lacunes. Le mode de fonctionnement et les valeurs véhiculées dans un milieu pensé par et pour des hommes ne devraient plus constituer l'unique référent auquel toutes et tous doivent adhérer. La place faite aux filles ne peut plus être seulement quantitative. Voilà trois énoncés qui pour certaines et certains peuvent paraître évidents mais qui pour d'autres restent fort discutables.

Lors des rencontres que nous avons tenues avec différents groupes d'étudiantes et étudiants, quelques facteurs de démotivation ont été dénoncés par toutes et tous: le manque de liens cours/professions, les groupes trop nombreux, le manque de relation avec les professeurs, les examens pas toujours adéquats avec la matière étudiée, etc. Ces situations ne sont pas plus tolérables pour les garçons que pour les filles mais les garçons, de par leur socialisation, les tolèrent ou y réagissent plus facilement.

A cette étape-ci et à la lumière de notre meilleure connaissance de la réalité des étudiantes et des étudiantes, nous devons prendre des mesures qui, en plus de faciliter l'intégration des filles, auront pour effet d'améliorer le qualité de vie de l'ensemble des étudiants.

Le travail que nous avons accompli pour permettre à davantage de filles de s'inscrire et de persévérer en sciences et génie est significatif mais ne saurait s'arrêter. Nous amorçons la deuxième phase et, si nous voulons contribuer à l'ensemble des changements qu'impliquent l'entrée des filles dans ces secteurs, nous devons continuer à déployer des efforts, même si les effets sont moins flamboyants.

Il est vrai que la situation évolue. Ainsi, à l'Université Laval, à l'automne 1989, les filles représentaient 19% de la nouvelle cohorte dans les programmes de génie. Il n'y a aucune raison pour que cette tendance se modifie. Nous devrons donc adapter nos attitudes et nos actions à un milieu où les filles ne seront plus forcément des pionnières avec les caractéristiques que cela suppose. Notre véritable défi sera d'amener notre milieu, qui accepte les gars "ordinaires," à accepter et intégrer des filles "ordinaires" tout en respectant leur spécificité. Une trop faible priorité accordée à ce dossier par nos dirigeants ne pourrait que freiner l'évolution maintenant irréversible des mentalités.

Dominique Drolet travaille actuellement à la Faculté des sciences et de génie de l'Université Laval en tant que Coordonnatrice au recrutement et à l'intégration des étudiantes. Elle a reçu son Baccalauréat en Orientation en 1980 et sa Maîtrise en Counselling et Orientation en 1985, de l'Université Laval.



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