Pédagogie féministe en mathématiques

par Hélène Kayler et Louise Lafortune

Quiconque désire aborder des études dans le domaine des sciences et de la technologie doit posséder une connaissance raisonnable des mathématiques. En fait, il s'agit non seulement de satisfaire aux conditions d'admission des programmes correspondants, mais ce préalable est aussi incontestablement nécessaire. En effet, une base mathématique est essentielle ne serait-ce que pour manipuler des expressions algébriques, lire un graphique, interpréter des données statiques. Bref, il est difficile de contester cette omniprésence des mathématiques dans tous les domaines de la science et de la technologie.

La culture traditioneelle encourage les filles et les femmes à penser qu'une formation mathématique ne leur est pas absolument nécessaire.

On sait bien cependant que beaucoup d'étudiantes et étudiants éprouvent des difficultés durant leurs cours de mathématiques, et développent une telle aversion à l'égard de cette discipline qu'ils l'évitent pendant toute étude ultérieure qui exige une base mathématique. Du même coup ces perçoires orientent leur choix de carrière en fonction de ce critère: une profession ou un emploi qui ne demande pas de connaissances préalables en mathématiques.

Ceci est plus fréquent chez les filles et les femmes car la culture traditionnelle les encourage à penser qu'une formation mathématique ne leur est pas absolument nécessaire. Par exemple, encore aujourd'hui la famille encourage un fils à s'inscrire à un cours d'informatique et une fille à faire de la danse classique. Il est donc fréquent d'observer que les femmes en situation de recyclage et les filles en cours d'études déterminent leur orientation (choix professionnel ou choix de programme d'étude) en éliminant l'obligation de suivre des ou même un seul cours à saveur mathématique.

À la lumière de ces deux seules remarques, il est évident que les chances sont très faibles de retrouver des femmes et des filles en grand nombre dans les domaines scientifique ou technique et nous pensons qu'une manière d'agir sur ce choix consiste à tenter d'en modifier les conditions. Un moyen d'action sur la situation globale consiste à créer un réseau de personnes compétentes pour intervenir auprès des femmes et des filles avant ou au moment de leur choix de carrière et de programme d'études.

A feminist pedagogie for mathematics

by Hélène Kayler and Louise Lafortune

The majority of scientific or technical disciplines require at least a basic knowledge of mathematics, but girls and women often limit their choice of study or career by eliminating the obligation to take even one course in math.

We believe that it is possible to change this situation by forming a network of women who, as mothers, teachers, counsellors, or others, can intervene in the lives of girls and women to influence their choice of study. It remains to reach these women and equip them with the necessary information and strategies. Three elements we feel are absolutely fundamental to be understood or utilized are: the attitude of women and girls towards mathematics; the need for a demystifying context in which to gain skills and competence in the subject; and a feminist pedagogy to teach it.

MOIFEM (Quebec section of the International Organization for Women and Mathematics Education) is currently developing a series of workshops incorporating these three basic elements for teachers and counsellors. Preliminary responses through evaluation forms and demand for more workshops indicate that we are indeed responding to some definite needs.



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