ÉDITORIAL

Vive le féminisme!


par Christina Starr

La révolution
se poursuivra
tant qu'il
existera des
organismes
comme le
CCPEF et des
publications
comme
Women's
Education des
femmes pour
porter le
flambeau.

Par un après-midi humide et désagréable de 1985, j'étais assise en face de mon examen de première année de droit sur les délits civils. J'étais écoeurée, car le tout n'avait aucun sens. Est-ce que c'est moi qui ne comprenais pas ou y avait-il une erreur dans l'examen? Ce nouveau nom qui apparaissait au trois-quarts du texte était-il celui d'un nouveau personnage de la tragédie ou (ce qui était plus logique) celui d'un personnage existant, mais affublé du mauvais nom?

Je devais faire un choix entre ces deux hypothèses. Pour un examen qui représentait 100 % de ma note et concluait huit mois d'études, il s'agissait d'une grave décision. Je partis du principe que le nom était faux. Mais, furieuse d'avoir à faire face à ce genre de dilemme, j'abordais mon professeur à la fin de l'examen: "Je trouve complètement irresponsable et impardonnable qu'une erreur pareille se glisse dans un examen. La pression que ressentent les étudiants de première année qui passent un examen comptant pour 100 % de leur note est déjà suffisante sans qu'ils aient en plus à perdre de précieuses minutes à décider que faire."

Cette erreur (je suis toujours convaincue que c'en était une) a été la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Ainsi se terminaient mes études de droit! Pendant les mois précédents, j'avais trouvé le style pédagogique extrêmement concurrentiel, le volume de travail épuisant, la matière étudiée sans pertinence, et l'ambiance dans l'ensemble peu amicale. D'après mon test d'admission à la Faculté de droit, j'aurais dû être une étudiante brillante; pourtant, ce fut la pire de toutes mes années universitaires.

Heureusement, un vent de révolution souffle quelque peu sur l'enseignement du droit. Lorsqu'on sait que le droit est traditionnellement un bastion masculin, les progrès dont parle Mme Hughes sont remarquables. Nul doute qu'il y a encore un long chemin à parcourir. Mais, peut-être que d'après la théorie de la percolation, la révolution se poursuivra à mesure que plus de femmes deviendront professeurs, juges, juges à la Cour suprême, ou dirigeantes politiques.

Mais les femmes elles-mêmes, celles qui ont entamé un programme de formation pour se recycler et trouver un meilleur emploi, celles qui n'ont peut-être pas été exposées à des idées féministes à propos de l'apprentissage et de l'éducation, que pensent-elles vraiment de la révolution féministe? Judith Grant affirme dans l'article s'intitulant "Études de femmes: Vies de femmes" que beaucoup d'étudiantes qui prennent des cours d'études de la femme trouvent l'expérience révélatrice, stimulante et légitimante.

En revanche, Paula Chegwidden a posé la même question à des femmes de Nouvelle-Écosse et a obtenu quelques réponses surprenantes. Toutes les femmes n'aiment pas apprendre en groupe et certaines estiment que les exercices sur la dynamique de la vie sont plutôt insipides. Il se peut que ce désenchantement se veule davantage un commentaire sur la nécessité de mieux s'organiser et d'améliorer la formation des femmes. Dolorès Gagné nous raconte comment deux cégeps du Québec abordent le problème, et Kari Dheli nous explique en détail comment un syndicat norvégien s'efforce d'insérer des modèles de formation dans le travail des femmes.

Pendant que nous révolutionnons l'enseignement, analysons les résultats et précisons nos positions, nous oublions à nos risques et périls que des forces anti-féministes occupent toujours des postes permanents respectés dans les universités et que de leur perchoir elles publient des diatribes réactionnaires contre le mouvement féministe ou tout mouvement avant-gardiste. Barbara Yitsch, qui possédait l'un de ces tracts, a eu beaucoup de mal à dépister les politiques de ceux qui craignent ce qui est politiquement acceptable.

La révolution se poursuivra néanmoins tant qu'il existera des organismes comme le CCPEF et des publications comme Women's Education des femmes (entre autres) pour porter le flambeau. Dans ce numéro, nous avons inséré un bon d'abonnement à Herizons et, comme l'explique l'annonce qui l'accompagne, chaque abonnement pris avec ce bon nous rapporte 5 $. Commandez donc Herizons, renouveler votre abonnement à Women's Education des femmes, appuyez le CCPEF et attisez la révolution.

Christina Starr est rédactrice de Women's Education des femmes.



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