La formation professionnelle des femmes :
gage pour l'avenir ou voie d'évitement?

par Danielle Desmarais, Monique Provost et Sylvie Legault


Cet article est tiré du rapport du même titre, qu'ont préparé les auteures pour le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail du Québec inc. Le CIAFT a comme mandat de travailler à l'accès des femmes au travail en développant une analyse critique des politiques sociales et en proposant des alternatives qui défendent les droits des femmes et contribuent à l'avancement et à l'amélioration de leur situation au travail.

Les femmes qui ont suivi une formation professionnelle ont- elles réussi à s'insérer professionnellement? Quel rôle la formation a-t- elle joué dans cette insertion?

Afin de répondre à ces questions, nous avons recueilli et analysé des données auprès de plus de 300 femmes qui fréquentent les organismes affiliés au Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT) sur tout le territoire du Québec et ont amorcé une démarche de formation en 1991-1992. Trois moments apparaissent marquants dans la trajectoire en formation professionnelle: l'entrée en formation, le passage en formation et l'obtention d'un emploi (stable).

L'entrée en formation

Les clientes du CIAFT en formation professionnelle sont d'origine canadienne, âgées en moyenne de 39 ans. Plus de 60% de ces femmes vivent sans conjoint et avec un enfant ou plus. Les assistées sociales représentent presque 60% des femmes responsables de famille monoparentale. Par contre, près du tiers des femmes, surtout des prestataires de l'assurance-chômage, n'ont pas d'enfant(s) à charge. Enfin, les non prestataires appartiennent à une famille nucléaire comprenant un conjoint et deux enfants.

Les femmes qui fréquentent les organismes du CIAFT et ont entrepris une formation professionnelle en 1991-1992 sont de condition très modeste. Au moment d'entreprendre leur formation, ces femmes étaient sans emploi, la moitié d'entre elles ayant été absentes du marché du travail depuis , deux ans et plus. Globalement, les femmes déclarent des revenus annuels personnels inférieurs à 20 000 $. Elles sont souvent prestataires soit de l'assurance-chômage (30%), soit de la sécurité du revenu (43%). Vingt-sept pour cent seulement des femmes de l'échantillon ne sont prestataires ni de l'État québécois, ni de l'État canadien. La moitié des femmes additionnent leur revenu personnel à celui d'un conjoint; ce revenu annuel du ménage reste dans trois-quarts des cas inférieur à 20 000 $.

Professional Training for Women
Security for the future or sidetrack for the present?

by Danielle Desmarais, Monique Provost and Sylvie Legault

The Quebec Council for Women's Access to Work (CIAFT) carried out a study of women who had taken some training in the years 1991-92.30% of these women were UI recipients and 43% recipients of general welfare. Two-thirds of the women took a general training, or refresher, courses at the secondary level, 60% took professional training at the college or university level and 10% took several training courses.

Even more than two years after the completion of their training, many women expressed a great deal of satisfaction with their experience. More than two-thirds had held at least one job in this time though for many their integration into the workforce has been only partial and their quality of life has not significantly improved. But at the very least the training reinforced their self-esteem and self-image and broadened their vision of what role they might play in society.

Except in non-permanent positions, employment obtained at the end of training did not result in a higher income for women, and only one in five women opted for training in non-traditional work.

Our research allowed us to confirm that the trajectory of women's training is impacted by their source of revenue and their personal conditions. Professional training is not truly a guaranteed route into the workforce, though it is clear that such training helps to give women an indispensable confidence in themselves and their skills.



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