Nomadic Philosopher: A Conversation with Rosi Braidotti

by Kathleen O'Grady


(Utrecht, The Netherlands, August 1995)Born in Italy, raised in Australia, educated in Paris and currently living and teaching in the Netherlands, Rosi Braidotti has created from her nomadic existence a politically motivated philosophy that provides a new framework for reinventing the female subject in our post-metaphysical world. Labelled a postmodern feminist, Braidotti aims to develop a theory that can support a heterogeneous model of subjectivity for the contemporary woman. She writes her text in polyglot fashion, sometimes first in English, sometimes in French or Italian, and then re-written for translation into a variety of languages. She facetiously names her dialects Italo-Australian, Franglais, New Yorkese, Parisian patois or Dutch-lish. Currently she is the chair of the Women's Program in the Humanities at the University of Utrecht. Her books include the highly praised Patterns of Dissonance (1991), Women, the Environment and Sustainable Development (1994), and Nomadic Subjects (1995).


In your essay, "Feminist Critiques of Science" [from the jointly authored Women, The Environment and Sustainable Development] you conduct a feminist analysis of science and scientific discourse. What ethical and epistemological questions does a feminist analysis of science raise?

Feminists have always shared a critical edge of concern for science, in so far as the inferiority of women has been extensively theorised and has been the object of intensive scientific discourses (in the West at least, certainly since the 16th and 17th century, and massively in modernity after that). The science question is in-built into feminism, as Sandra Harding has pointed out, so that by addressing the question of female nature, by addressing the question of human nature, by deconstructing both, of course we lay open the question of, not only the power of knowledge-who decides what, in which situational contexts or in which discursive contexts-but also, epistemological questions that have to do with the texture almost, of the scientific disciplines: what to do with objectivity; what to do with certain notions of distance or neutrality; what to do with an increasing quantification of what we call scientific knowledge; what to do with the regular and systematic recurrence of exclusion of always the same others; and this kind of persistence of the process of othering? It is always the women, it is always the non-whites or the blacks, it is always the children, it is always the physically disabled, it is always the physical environment.

Conversation avec Rosi Braidotti, une philosophe nomade

par Kathleen O'Grady

Rosi Braidotti est une philosophe post-moderne qui habite et enseigné aux Pays-Bas. Au cours d'une entrevue, elle a livré ses idées sur les sciences, le féminisme, les philosophies post-modernes, la théorie des sexes et la situation des programmes d'études de la femme en Europe et en Amérique du Nord.

La question scientifique est indissociable du féminisme dans la mesure où l'infériorité des femmes a fait l'objet de nombreuses théories et d'analyses scientifiques en profondeur, On exclut régulièrement et systématiquement toujours les mêmes, à savoir les femmes, les personnes non blanches, les enfants, les personnes ayant un handicap physique, le milieu physique. Le besoin de procéder à ce genre d'exclusions devrait faire en soi l'objet d'une enquête scientifique.

J'ai tendance à donner au féminisme une valeur explicative plus importante qu'à aucune autre philosophie critique. La question de la femme est inhérente à la crise moderne, bien que ce ne soit pas la seule. Mais la position de la femme et la structure de la pensée actuelle donnent aux féministes un avantage pour évaluer la façon de faire face à la crise et de trouver un moyen de la résoudre, L'apparition de subjectivités périphériques constitue un moment fantastique et très positif.

Aux Pays-Bas, ce sont dans les années soixante-dix que l'État a réglementé la création de programmes d'études de la femme, des gays et des lesbiennes, des ethnies et de l'environnement. Les Pays-Bas et les pays scandinaves sont les pays d'Europe qui dépensent le plus dans leurs programmes d'études de la femme. Aux État-Unis, rien ne me laisse à penser que les cours sur la condition féminine jouent un rôle clé pour changer de manière fondamentale les programmes d'études, J'espère qu'il y a un nouvel élan moteur dans le réseau européen qui entraînera des changements dans ce que les universités offrent aux femmes et aux hommes,



Back Contents Next