Une éducation rose et handicapée: un autre exemple de double discrimination

par Lucie Gagnon

Depuis déjà plusieurs années, je m'assois devant mon ordinateur pour décrire la double discrimination des femmes handicapées, parfois en tant qu'étudiante au doctorat, parfois comme militante féministe ou tout simplement en tant que femme vivant avec un handicap. Je dois dire que le portrait des femmes vivant avec un handicap au Québec est loin d'être rose, il est même parfois stupéfiant et le milieu éducatif ne fait pas exception.

Le portrait des femmes vivant avec un handicap au Québec est loin d'être rose.

On lit dans la revue Intégration de l'Office des personnes handicapées du mois de mars et avril 1996 (article de Diane Lamarche sur l'accès aux études supérieures) qu'en 1993, 749 étudiants et étudiantes handicapé(e) faisaient des études postsecondaires. En 1995, soit deux ans plus tard, nous somme presque 1100. Comme le dit si bien l'auteur, il faut toutefois apporter des nuances à cette bonne nouvelle.

Ainsi, selon les données de 1991 tirées de l'Enquête sur la santé et les limitations d'activités, il Y a trois fois moins de diplômés universitaires parmi les personnes handicapées que dans la population en générale. En ce qui concerne les femmes, ces mêmes statistiques indiquent que, pour les études primaires et secondaires, il n'y a pas de différences marquées. Cependant, l'écart se creuse au niveau supérieur: 6,7 % des hommes handicapés ont obtenu un niveau universitaire par rapport à seulement 2,4 % chez les femmes.

Comme toute personne vivant avec un handicap, ces femmes vivent la même discrimination que leurs confrères handicapés, les mêmes obstacles, les mêmes barrières architecturales, les mêmes problèmes d'accès au transport adapté. Elles sont aussi confrontées parfois à des administrateurs, des professeurs, des orienteurs, des confrères et des consoeurs qu'il faut sensibiliser. Mais les femmes ayant des incapacités vivent aussi la même discrimination que leurs consoeurs non handicapées, les mêmes stéréotypes sociaux et attitudes sexistes. Entre autres, dans le choix de carrière, une femme handicapée qui n'a pas d'aptitudes pour devenir secrétaire ou infirmière, reçoit rarement des encouragements de son entourage pour proposer d'autres alternatives.

Education and Double Discrimination
by Lucie Gagnon

For several years now I have been describing the double discrimination experienced by women with disabilities. My perspective is as a doctoral student, as a militant feminist, or as a woman who lives with a disability. The situation of women with disabilities in Quebec is far from rosy and the area of education is by no means an exception.

Women with disabilities face the same discrimination and barriers as men with disabilities, but they live also with social stereotypes and sexist attitudes as women. In career choice; for example, a disabled women is unlikely to find much encouragement to venture beyond employment as a secretary or nurse. And this is also true of rehabilitation programs which are more likely to encourage disabled men to go out and fulfil the role of provider and encourage women to stay at home.

Discrimination based on disability can overshadow other forms of discrimination, such as that based on sex, sexual orientation, race, etc, so that women with disabilities are often not aware of the possibilities of solidarity with other women to fight common struggles. With low education levels, negative self-images and little access to resources, women with disabilities are often isolated and have much fewer chances to gain experience and confidence than disabled function as role models. For the adolescent girl, it can be very difficult of find the motivation to stay in school when the models for what you can achieve are practically absent.

Women with disabilities are also at a high risk of violence. Many of us don't feel we have the ability to defend ourselves or to escape, and perpetrators of violence are frequently those on whom we depend for essential services. We need to remember that the low participation of women in educational institutions is not due to any deficiency but to their situation. They face the double discrimination of being women and of being disabled.



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