Oublier sa culture pour s'intégrer, ou faire une place aux "autres" cultures en éducation? par Monique Ouellette
"Les "autres" sont venus dans "notre" pays, ils ont choisi de vivre ici: à Rome, il faut vivre comme les Romains. C'est à eux de s'intégrer, et pourtant, c'est nous qui faisons toutes les concessions, tous les efforts; eux n'en font aucun! Qu'ils mettent un peu de bonne volonté, qu'ils s'adaptent et arrêtent de vivre dans le passé!" Cette récrimination à l'endroit des personnes immigrantes ou réfugiées est courante et souvent dite sur le ton de l'exaspération. Ceux qui la formulent reprochent à ces "autres", venus d'ailleurs, de ne pas "s'intégrer" assez vite à la société d'accueil et voudraient ne plus être constamment interpellés dans leurs propres façons d'agir et de penser. Bien évidemment, la réalité correspond peu à ce découpage à la hache de la situation que vivent les intéressés. Leur "choix" de vivre ici est généralement dicté principalement par l'obligation ou la nécessite: on quitte rarement son pays par caprice, et on "choisi" souvent son futur pays comme on peut. Une situation complexe et difficile Prétendre que les personnes venues d'ailleurs ne font aucun effort pour s'adapter, c'est ignorer tout du processus d'immigration. C'est oublier que leur adaptation a commencé avec la décision même d'immigrer, que tout, ici, peut être différent de ce qu'ils avaient connu auparavant. À son arrivée en novembre à Mirabel, un aîné vietnamien a fondu en larmes à la vue des arbres dénudés et du paysage grisâtre; lui qui avait connu la verdure et les fleurs toute l'année croyait tout aussi durable cette grisaille d'une si grande tristesse. Les différences des saisons, cet hiver si dur, ces quel point les changements de saison leur manquait et avec quel plaisir ils les retrouvaient, au retour. Les personnes venues de climats très doux n'ont pas l'espoir de retrouver leur verdure permanente.
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