En 1978, j'ai décidé de quitter le CCCSF et de m'établir comme recherchiste à mon propre compte. Mon premier rapport indépendant, qui m'a le plus appris sur la condition des femmes et a eu la plus vaste distribution de tous mes travaux, fut La femme et la pauvreté que j'ai fait pour le Conseil national du bien-être social. La conclusion du rapport, que je soupçonnais depuis mon travail à Centre-Sud, commençait comme suit:

"La plupart des femmes au Canada doivent faire face à la pauvreté à un moment donné dans leur vie. Il est rare qu'elles deviennent pauvres suite à des circonstances qui auraient pu être contrôlées; il n'arrive pas souvent non plus que ce soit le résultat d'une mal-chance extraordinaire. Les femmes sont pauvres, la plupart du temps, parce que la pauvreté est la conséquence logique du rôle qu'on leur demande encore de jouer dans notre société.

" Depuis 1979 tout le travail que je fais est consacré à corriger cette abominable situation. Mes recherches se sont donc de plus en plus spécialisées dans les domaines de la politique sociale qui ont le plus d'effet sur la situation économique des femmes-les prestations gouvernementales pour les enfants et les familles défavorisées, la fiscalité et le contrôle des biens familiaux et par-dessus tout la réforme des régimes de pensions.

Mes positions dans le domaine des pensions ont éventuellement transformé ma vie. De personne-ressource qui alimentait les groupes féminins sans en faire moi-même partie, je suis devenue activiste et membre de l'éxécutif du Comité canadien d'action sur le statut de la femme (CCA ou NAC en anglais). Comme on le sait, le CCA est le plus gros groupe féminin au Canada, se composant de plus de 370 groupes-membres qui ont eux-mêmes plus de trois millions de membres individuels. En 1984 et de nouveau en 1985, j'ai été élue vice-présidente du CCA.

Dans ce poste, mon objectif principal est de rendre le CCA plus représentatif de la population féminine du Canada.. En particulier, mes collègues et moi avons rendu le CCA beaucoup plus accueillant pour les francophones: toutes nos nouvelles publications sont entièrement bilingues et nous avons tenu notre assemblée mi-annuelle à Montréal en automne 1984. Cette réunion a tellement bien réussi que nous avons malheureusement do fermer les inscriptions deux semaines à l'avance.

Mon autre priorité au CCA est de défendre les droits des groupes les plus financièrement vulnérables de notre société, c'est-à-dire les femmes au foyer, les femmes âgées et les chefs de famille monoparentales. Sur le plan national, je suis personnellement devenue la défenderesse la plus acharnée de l'inclusion des imagefemmes au foyer dans les Régimes de pensions du Canada et de rentes du Québec. Pour moi, cette mesure est absolument essentielle pour reconnaître la contribution incalculable des mères de famille et de nos bénévoles, et pour leur rendre enfin un minimum de justice.

Le travail que j'effectue depuis plus de 10 ans pour les femmes, et donc pour moi-même, ne fait que commencer. Il m'a fallu plus d'une décennie pour comprendre que le sort de toutes les femmes est intimement lié. Comme le dit l'adage, la force d'une chaîne est celle de son maillon le plus faible. Tant que les femmes vivront dans la misère, et tant que tout le travail des femmes au foyer et à l'extérieur ne sera pas adéquatement reconnu et rémunéré, nous sommes toutes dévalorisées et toutes responsables du sort de nos soeurs les plus démunies. image

Wendy Wortsman

Cet article est reproduit avec la permission de L'AEF.



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