Or, les PAE ne règlent pas nécessairement le problème de la dévalorisation des emplois occupés traditionnellement par les femmes et ce, particulièrement dans le secteur public et parapublic où la main-d'oeuvre féminine est fortement majoritaire. Cette dévalorisation est liée, rappelons-le, à la moindre valeur attribuée au travail féminin (considéré comme gratuit et allant de soi).

Pour réaliser pleinement et entièrement l'équité en matière d'emplois, les femmes elles- mêmes devront déployer des efforts considérables.

Lorsqu'il s'agit de personnel féminin, les employeurs ont tendance à sous-estimer (ou nier) les exigences professionnelles requises ou à les considérer comme des aptitudes "naturelles" qui n'ont pas à être rémunérées. Beaucoup d'emplois occupés par les femmes reproduisent d'ailleurs le rôle de service dévolu traditionnellement aux femmes au sein de la famille.

L'implantation des programmes d'accès à l'égalité ne suffit donc pas. Il faut aussi proposer des démarches et des programmes d'équité salariale et faire reconnaître la valeur professionnelle du travail effectué traditionnellement par les femmes.

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En effet, les programmes d'accès à l'égalité peuvent susciter la mise en place de nouvelles règles d'embauche, de promotion, de formation et d'organisation du travail plus équitables pour les femmes. Toutefois, ces nouvelles règles touchent davantage les nouvelles venues sur le marché du travail et reposent en premier lieu sur la volonté et la capacité d'adaptation des femmes au sein des entreprises. L'équité salariale, par contre, possède une portée nettement plus collective (relèvement salarial de tous les postes couverts par un titre d'emploi) et s'attaque directement au problème de dévalorisation salariale que connaît depuis de nombreuses années la grande majorité des femmes qui ont un emploi rémunéré.

Soulignons, enfin que, pour réaliser pleinement et entièrement l'équité en matière d'emploi, les femmes elles-mêmes devront déployer des efforts considérables. La tradition sexiste du marché du travail n'est pas nécessairement modifiée par l'adoption d'un programme d'accès à l'égalité ou d'équité salariale. Les femmes devront donc être très vigilantes à toutes les étapes d'implantation de ces programmes d'équité et s'assurer que les objectifs sont atteints.

Louise Boivin est actuellement conseillère syndicale à la recherche pour la CSN, après avoir été impliquée pendant plusieurs années dans différentes organisations de femmes. Dossiers en cours: équité salariale, évaluation des emplois, changements technologiques.



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