La Fédération provinciale des Fransaskoises, organisme qui représente les femmes francophones de la Saskatchewan, oriente son action d'après cinq principes directeurs.

  1. Les Fransaskoises ont participé et participent toujours au développement de leur communauté, en dépit des restrictions historiques qu'a imposé à leur champ d'action la division du travail selon le sexe.

Les femmes ont de plus en plus accès à des domaines non traditionnels tandis que les hommes n'ont que très peu étendu leurs champs d'action dans les domaines dits "féminins ".

Les documents officiels de la communauté fransaskoise évoquent trés peu la contribution des femmes, mais les témoignages de femmes permettent de cerner le rôle important qu'ont joué et que jouent toujours les Fransaskoises, laïques et religieuses, dans le développement de leur communauté. Pas uniquement leur rôle en tant que mères de familles nombreuses-- quoique cette contribution ne soit pas négligeable mais de leur participation active à la survie de leur communauté dans certains domaines traditionnellement réservés aux femmes, promotion de la santé, éducation des enfants et développement du sens d'appartenance à la communauté fransaskoise entre autres. Même aujourd'hui la communauté aurait beaucoup de difficultés à assurer sa survie et son épanouissement sans la participation et les connaissances des femmes dans ces domaines.

L'envers de la médaille est que les femmes sont aussi traditionnellement exclues d'autres domaines: situations de porte-parole, de prises de position, de gestion de ressources financières importantes, etc. Dans les organismes, comme au foyer ou à la ferme, la femme s'occupe des tâches "intérieures" tandis que les tâches "extérieures" reviennent à l'homme. Or de nos jours, les femmes ont de plus en plus accès à des domaines non traditionnels tandis que les hommes n'ont que très peu étendu leurs champs d'action dans les domaines dits "féminins", d'où le danger que courent les femmes de s'épuiser et le risque de pénurie de main-d'oeuvre dans les secteurs encore considérés comme féminins.

Ce genre de division du travail est dangereux parce qu'il crée un cercle vicieux, à savoir une "discrimination systémique". Ainsi, on refuse aux femmes la possibilité d'apprendre certaines techniques ou de participer à certains réseaux mais, par la suite, on exige d'elles qu'elles connaissent ces mêmes techniques ou contacts pour accéder à certains postes. L'exemple type en Saskatchewan est le Collège Mathieu, fondé en 1917 pour développer une élite fransaskoise. Le collège n'a accepté les filles qu'à partir de 1970, et cette exclusion, sans être exceptionnelle pour l'époque, ne peut qu'avoir une influence sur la participation des femmes aux postes de direction aujourd'hui.

  1. Les contributions des Fransaskoises sont trop souvent dévalorisées ou passées sous silence. Nous devons rendre leur travail visible pour assurer leur participation continue au développement de la communauté fransaskoise.

Peu de gens affirmeraient que les domaines traditionnellement féminins, comme la santé, l'éducation et la culture, n'ont pas d'importance dans une communauté; au contraire, la communauté fransaskoise a identifié les deux derniers secteurs comme étant prioritaires. Alors même que nombre de femmes participent depuis des décennies à ces domaines, nous n'entendons que très peu parler de l'importance de leur apport. Comment expliquer un tel écart entre la participation et la visibilité des femmes dans leur communauté? Première raison: le travail des femmes est un travail "non-marchand", donc dévalorisé dans notre société. Il est perçu comme l'expression d'une relation personnelle et non comme un "vrai" travail. C'est pourquoi ce travail est rarement analysé ou mis en évidence parce qu'on le voit comme relevant de la vie privée et, par conséquent, en dehors de la sphère des valeurs sociales.

Deuxième raison: le travail des femmes est accompli par des femmes. Dans un monde où les femmes sont généralement considérées comme inférieures aux hommes tout œ qu'elles font a tendance à être dévalorisé.

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La Fédération provinciale des Fransaskoises

Cette hiérarchie du travail n'est pas plus "naturelle" que la division du travail selon le sexe, mais on l'excuse souvent en déclarant que le travail des femmes n'est qu'un simple "soutien" aux activités "centrales" d'un organisme. Mais ce que l'on considère comme central ou comme soutien est surtout fonction de la perception que l'on en a. Si on part de l'idée que la contribution des femmes n'est pas aussi valable que celle des hommes, on trouvera inévitablement que leur travail est secondaire, voire sans importance, dans
l'évaluation d'une situation donnée. Le travail des femmes devient alors invisible.



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