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On discute plus amplement de la violence faite aux femmes, mais hormis quelques exceptions, ce discours est relégué en marge de la société. Jusqu'à présent, peu d'efforts ont été déployés pour mesurer les conséquences et les répercussions de la violence dans toutes les sphères d'activités humaines (par exemple; le milieu de travail, le milieu d'apprentissage, le milieu religieux).
Même les campus universitaires, qui, par définition, sont des lieux d'épanouissement intellectuel et de formation professionnelle, ne sont pas nécessairement des endroits où les femmes sont en sécurité. Le viol par une connaissance et le harcèlement sexuel représentent deux formes de violence dont les femmes sont victimes sur les campus, celles-ci risquant d'appauvrir la qualité des apprentissages et de la vie en général des étudiantes (2). L'impact de la violence sur la situation
pédagogique: Les femmes qui survivent à la violence masculine doivent surmonter plusieurs barrières afin de se développer pleinement au niveau personnel, professionnel, intellectuel et social. À cause de leurs expériences de violence, elles ont tendance à intérioriser des messages négatifs vis-à-vis de leur valeur propre, de leur statut dans la société et de leurs droits en tant que femmes. Elles peuvent apprendre que les hommes représentent l'autorité dans une culture conditionnée par une société de type patriarcal. Ceci est confirmé lorsqu'elles sont victimes de violence physique, psychologique, émotionnelle ou sexuelle aux mains d'un homme qui abuse de son pouvoir et de sa force physique. Elles apprennent alors que les hommes qui détiennent l'autorité peuvent en abuser dans le but de les dominer ou de les faire taire. Elles apprennent également que leur parole de femme n'a pas beaucoup de poids dans un système judiciaire clément à l'égard des agresseurs (3). Dans le contexte d'une salle de classe, cela peut se traduire en une hésitation, voire en une peur, de réclamer son espace physique et le droit à la parole. Parfois, le milieu contribue directement au mutisme des femmes, comme en témoignent Lewis et Simon: ... all men can benefit in some way from belonging to the dominant group. In the context of our course this meant that the men were allowed to speak at length--and did. Their speaking was seldom if ever interrupted. When a women and a man began speaking at the same time, the woman always deferred to the man. Women' s speaking was seldom reinterpreted by the men through phrases such as "what she really means..." (4). La voix autoritaire d'un professeur, dans un contexte condescendant, peut créer un , malaise chez certaines femmes et raviver des sentiments d'insécurité personnelle. Le ton même de la voix peut parfois déclencher de mauvais souvenirs et un état de panique intérieure où la femme se sent menacée par l'autorité masculine (5). Cependant, chaque traumatisme est vécu différemment. Chaque victime apprend donc à maîtriser sa peur selon ses capacités et ses ressources et chemine sur la voie de la guérison à son propre rythme. Parmi les femmes qui suivent des cours, certaines peuvent être survivantes d'inceste ou d'un viol ou encore habiter avec un homme violent. Selon le contexte dans lequel elles vivent (ressources, support), elles en seront à des étapes différentes et elles réagiront au mécanisme de déclenchement en fonction de leur état psychologique et émotif actuel. L'impact de la violence est également vécu au niveau de la pensée, comme le laissent entendre les résultats d'une recherche menée par Belenky, Clinchy, Goldberger et Tarule et publiés en 1986 dans Women's Ways of Knowing: The Development of Self, Voice, and Mind (6). Les auteurs ont interviewé 135 femmes venant d'un milieu social différent et n'ayant ni la même éducation, ni la même culture pour mieux cerner les éléments qui caractérisent l'évolution intellectuelle des femmes adultes. |
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