Comment obtenir les renseignements publiés par le gouvernement de sa province quand rien n'est traduit?


Le rôle des groupes de femmes pour contrer la violence
La violence faite aux femmes est un problème social qui met en cause les femmes et s'adresse aux hommes. Il faut parvenir à faire naître de nouvelles valeurs dans notre société et mettre fin aux abus de pouvoir s'exerçant à tous les niveaux. Les groupes de femmes et les féministes ont beaucoup contribué à faire prendre conscience du rôle que jouent les femmes dans notre société et à la nécessité de mettre fin à la violence.

En milieu minoritaire, la FNFCF, en collaboration avec les groupes et les femmes, s'efforce depuis plusieurs années déjà de revaloriser le rôle des femmes dans la société. Par la sensibilisation et la formation, par les recherches-actions exprimant la réalité des femmes francophones, les groupes ont provoqué l' émergence d'une nouvelle conscience féministe. Et ce, en marge de l'implication majeure des femmes à la cause francophone: celle qui, dans plusieurs provinces, draine l'énergie des femmes engagées.

Pour le mouvement féministe en milieu minoritaire, la lutte contre la violence faite aux femmes, à quelques exceptions près, en est à ses balbutiements. Dans le nord de l'Ontario, par exemple, un groupe de femmes de Kapuskasing a mis sur pied il y a trois ans environ un comité de lutte contre la violence, voire un groupe "féministe". Sans autre appui que leur bonne volonté, elles ont souffert d'isolement, de rejet de la part de la communauté et d'épuisement. En dépit de l'appui de quelques sympathisantes, elles n'ont pu survivre. Comme nous le disions plus haut, l'environnement traditionnel, la peur de déranger l'ordre établi, de nuire au bien-être de la communauté font que les femmes francophones n'ont pas pris en main ce problème. Ceci explique en partie la situation.

Dans plusieurs provinces, notamment en Colombie- Britannique, en Nouvelle-Écosse, en Alberta et en Saskatchewan, les groupes de femmes manquent de moyens, de soutien et de ressources pour mettre au jour ce problème. "Comment, avec une personne d'un regroupement provincial qui travaille à temps partiel, peut-on espérer lutter efficacement contre la violence? Comment obtenir les renseignements publiés par le gouvernement de sa province quand rien n'est traduit? Comment s'informer adéquatement quand chaque province, chaque municipalité, ne divulgue pas hors de ses frontières géographiques ses initiatives et ses pro grammes pour lutter contre la violence?

Autre exemple d'une situation pour le moins aberrante. Au Manitoba, le groupe Réseau a présenté en 1984 une demande se fondant sur une étude exhaustive de la situation pour mettre sur pied une maison d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. En 1992, le gouvernement provincial ne reconnaît toujours pas la nécessité de participer financièrement à cette initiative, même si la Société canadienne d'hypothèque et de logement avait accordé une subvention pour une maison d'hébergement. On peut alors se poser une question: où est la concertation entre le fédéral et les provinces? On peut aussi se demander, comme c'est souvent le cas pour les francophones en milieu minoritaire, pourquoi s'acharner puisque l'on tombe à tous les coups dans l'invisibilité? Pis encore, lorsque l'on est femme et francophone.

Le groupe Réseau du Manitoba qui s'est allié au Bureau d'éducation française et à d'autres groupes participe à un projet de sensibilisation à la violence (dépliants et guides) pour les élèves et les professeurs de français et d'immersion au Manitoba. Réseau demande avec vigueur qu'on l'appuie pour qu'il puisse mettre sur pied des programmes là où on a décelé des besoins. Il faut pouvoir passer à l'action dit le groupe pour agir contre la violence. À quand une maison d'hébergement pour les femmes francophones à Winnipeg (il y en a sept pour les anglophones et deux pour les autochtones)? (1)



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