Les prisons de l'inconscience

PAR MICHELINE ST-CYR


"Quand on nie à un peuple le sentiment d'appartenance à sa culture...On le
maintient en état d'infertilité..."

Les prisons de l'inconstance'
Manifeste sur la culture
Micheline St-Cyr, novembre 1978

"L' alphabétisation des Franco-Ontariens est devenue un mouvement social important et cette naissance a eu lieu au colloque Alpha Partage de 1988."2

En Ontario, l'alphabétisation est à l'ordre du jour chez les francophones. Depuis décembre 1988, une vingtaine de groupes en alphabétisation venant de tons les coins de la province se sont regroupés en une coalition qui porte le nom de "Regroupement des groupes francophones d'alphabétisation populaire de l'Ontario" (RGFAPO).

C'était le long aboutissement de débuts qui furent très lents et difficiles, voire désespérants, pour les ouvriers de la première heure.

Pendant dix ans, presque personne ne fut conscient qu'il existait un énorme problème dans ce domaine, et que, dans certaines régions, 40% de la population adulte était analphabète.

Aujourd'hui, les groupes d'alphabétisation n'atteignent qu'une minorité comparativement aux besoins des collectivités.

Pendant que certains groupes dressent devant les Canadiens le spectre d'un pouvoir francophone en Ontario, les francophones luttent pour garder une fierté et une identité sans cesse remises en questions et presque perdues au cours des années, et ce pour de multiples raisons.

Quarante pour cent d'analphabètes, c'est l'équivalent de 40% de personnes asservies et non-engagées dans l'action politique. C'est autant de gens qui sont désormais prisonniers d'une langue ne leur appartenant pas. Ces analphabètes sont économiquement très peu importants et à la merci continuelle du bon vouloir d'une majorité qui n'a jamais vraiment voulu prendre conscience de l'existence des francophones en Ontario.


The Unconsious Trapped

BY MICHELINE ST-CYR

Literacy is an enormous concern among French-speaking Ontarians. In some regions in Ontario, as much as 40% of the francophone population is illiterate. Until 1968, French schools did not exist In. Ontario and francophone students were forced to attend public school in English. Later, these French-speaking students had few opportunities to work in French. As a result, these francophone became alienated from their own language and marginalized in their own province.

In spite of these difficulties, the Franco-Ontarian identity and culture have not only survived; they have also flourished. Nurtured by the creativity of the women of the province, the culture has developed through the oral tradition of story-telling and songs. But the women want to live a full life in their own language, to have services and institutions to maintain their culture and their language. And first on the agenda is popular education and literacy to give back a voice-a French-speaking voice-to the women and men of Ontario. A popular approach to literacy brings the student's reality- her traditions, history and daily life-into the classroom.

Popular education and literacy movements are gaining momentum all over the world. The United Nations, in recognition of the enormous scope of the problem, has declared this the "International Year of Literacy". In Ontario, literacy programs for francophone are expanding, and the Ministry of Education has just taken over responsibility for literacy programs.



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