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L'atelier du soir. Nan Ellen Thérien,
animatrice, Véronique et Habib, apprenants
et Micheline St-Cyr

Les femmes ont toujours été conscientes de leur rôle en ce domaine et, pour que les enfants parlent français à la maison, elles n'apprenaient pas l'anglais, s'isolant ainsi volontairement de toute vie sociale.

On parle d'une époque où l'ignorance fut une alliée qui permit de conserver une certaine indépendance au coeur du Canada anglais. Ainsi, on pouvait avoir l'illusion d'être un peu chez soi.

Les femmes furent en mesure de préserver une identité plus que menacée et dont le seul et unique bastion était la maison.

La femme passe à l'action...et la priorité de
l'heure, c'est l'alphabétisation

Mais il faut maintenant, une fois de plus, se remettre à bâtir... Et ce n'est ni l'ignorance ni la marginalisation qui aideront les femmes à vivre le quotidien en français dans cette province. Il y a deux fois plus de femmes que d'hommes engagées dans cette campagne d'alphabétisation et on les retrouvent partout, à tous les niveaux. Il est vrai que pendant longtemps les femmes (spécialement en Ontario français) ne régnaient que sur un royaume: leur foyer. Mais elles ont bien compris, qu'à la fin du XXe siècle, il n'était plus possible de vivre en vase clos. Elles ont compris qu'il fallait être conscientes et armées d'outils quil eur permettraient de participer "devenir" du pays.

La femme franco ontarienne veut vivre pleinement un quotidien en français, c'est-à-dire qu'elle veut des institutions, des services qui lui permettront à elle et à ses enfants de s'épanouir une culture qui lui appartient. De plus en plus, il lui faut trouver la clef qui lui permettra enfin de vivre au lieu de survivre. La femme d'aujourd'hui passe à l'action et la priorité de l'heure, c'est l'alphabétisation, car il faut bien rattraper le temps perdu.

"Le gouvernement ontarien doit reconnaître le droit, non seulement à l'alphabétisation en français, mais aussi le droit à l'alphabétisation selon des moyens et des méthodes définis par le milieu franco ontarien qui tien net compte de son histoire, de ses besoins, de sa culture"2

Les groupes d'alphabétisation populaire en Ontario français ont choisi d'emblée l'alphabétisation populaire pour la simple raison qu'il est impossible de s'appuyer sur des institutions qui n'existent pas.

L'Alphabétisation populaire... se réapproprier la parole...

Cela permet de se définir à partir de la personne analphabète et de ses besoins immédiats. Cela permet de véritablement coller à sa réalité et à ses traditions et à son histoire et de construire ensemble sur une base solide l'avenir.

"Tenter de donner conscience aux femmes et aux hommes de la grandeur qu'ils ignorent en eux".3

Voici une bonne définition de l'alphabétisation populaire. Revaloriser la personne humaine pour lui redonner sa fierté et lui faire prendre conscience de ce qu'elle peut accomplir. Se réapproprier la parole.

Cela dépasse de loin le simple fait d'apprendre à lire, à écrire, à compter. Il s'agit d'une prise de conscience collective, d'un projet englobant toute la société d'un effort général.

"La conscientisation exige que les femmes et les hommes créent leur existence avec le matériau que la vie leur offre...". 4



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