C'est la raison pour laquelle l'alphabétisation populaire s'appuie sur de thèmes choisis par les apprenants et les animateurs s'inspirant de situations réelles et vécues. L'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul passe nécessairement par les mots dont les personnes analphabètes se servent tous les jours oralement. Ainsi, du connu à l'inconnu, on chemine de concert vers une nouvelle expression de l'être humain dans toute sa réalité, aussi complexe qu'elle puisse être.

L'année internationale de l'alphabétisation...une prise de conscience collective

L'alphabétisation est un problème clé dans le monde entier et, pour faire prendre conscience de cette réalité effarante au seuil du XXIe siècle, l'UNESCO a proclamé cette année "Année internationale de l'alphabétisation". Nous réalisons également que nos systèmes scolaires, nos collèges et universités fabriquent à l'heure actuelle des analphabètes et ce, dans le monde entier.

Cette situation n'est pas surprenante: nous vivons à un rythme accéléré. Le XXe siècle a projeté l'humanité dans un monde insoupçonné au siècle dernier. Après des siècles d'immobilisme, des siècles de pensées profondes, la science est passée à l'action et a appliqué d'un coup des concepts qui relevaient de l'utopie pour nos grands-parents. Il n'est pas étonnant qu'une importante partie de la population mondiale n'ait pas suivi.

Cette année doit servir à faire un examen de conscience collectif et à prendre les moyens qui s'imposent en la matière. L'alphabétisation populaire est née de œ problème. Nous ne l'avons pas inventée et i une des grandes figures de l'alphabétisation. populaire nous vient du Brésil. Son nom est Paolo Freire. Il n'en revendique d'ailleurs pas la paternité mais l'attribue plutôt à une équipe de professeurs de l'Institut supérieur des Études du Brésil. Mais Paolo Freire s'est vraiment fait l'apôtre d'une éducation se fondant sur la réalité et la conscientisation et ce, dans le monde entier.

Il existe dans le mondé un mouvement populaire d'alphabétisation qui reconnaît que:
"La perception a-structurale de l'analphabétisme a révélé une vue erronée des analphabètes comme hommes et femmes marginaux. Ceux qui les considèrent comme marginaux doivent cependant reconnaître l'existence d'une réalité par rapport à laquelle ils sont marginaux - non seulement dans un espace physique, mas des réalités historiques, sociales, culturelles et économiques."5

L'alphabétisation populaire pourra-t-elle développer ses propres outils?

Les francophones de l'Ontario correspondent exactement à cette réalité. Ils prennent de plus en plus conscience qu'ils doivent eux-mêmes forger les outils pour répondre aux pressants besoins d'alphabétiser le plus rapidement possible un segment de la population qui ne peut pas suivre économiquement et surtout socialement.

Les groupes d'alphabétisation populaires de la province développent une didactique se fondant sur les principes de base de l'andragogie et s'appuient largement sur le vécu des apprenants.

Pendant que se forment des groupes et que l'on recrute de plus en plus d'adhérents, une préoccupation devient de plùs en plus pressante: la formation des animateurs et des animatrices. Formation qui, en ce moment, permet à des bénévoles d'animer des ateliers d'alphabétisation.

L'alphabétisation est en pleine expansion dans la province et beaucoup ont démarré des groupes d'alphabétisation dans leur région.

Citons entre autres les collèges anglophones qui offre des cours de base en français, les Commissions scolaires ajoutant des cours d'alphabétisation à l'éducation permanente, les Centres culturels, les ACFO locales ou des groupes indépendants oeuvrant dans le Regroupement provincial d'alphabétisation populaire (RGFAPO).

Que fera le ministere de l'Éducation
Nous sommes à une croisée de chemin. Le ministère de l'éducation prend sous son aile la section de l'alphabétisation -ACO-qui faisait partie du ministère de la Formation professionnelle.



Back Contents Next