Variation sur un
thème par Carole La Violette Il me paraît invraisemblable que je me retrouve bouché devant ma tâche de vous raconter ce que j'ai appris en suivant des cours sur la condition des femmes. Ce n'est pas parce que je n'ai rien à dire mais plutôt parce que j'ai trop à dire. Les mots, les phrases, les idées se font la guerre dans ma tête. Le regain de ma parole me semble récent et les sensations que j'éprouve sont intenses. J'aurais envie de vous crier "je suis intelligente", comme je l'ai fait dans le métro, et j'ose croire que j'aurais résumé en quelques mots l'amour-propre que j'ai acquis. Mais j'aurais aussi envie de vous chuchoter le sentiment de bien-être et de paix que je vis à la pensée que j'exploite enfin mes multiples talents.
Il faut que je me souvienne que ce sont les subtilités dans ma vie qui sont la preuve de ma croissance. j'aimerais vous faire à croire que j'ai grandi de quelques centimètres à l'âge de 23 ans mais ce serait un mensonge. Mais je peux, en toute vérité, vous dire que l'image que j'ai de moi-même a pris de l'ampleur, bien au-delà de quelques centimètres. Aujourd'hui, je me sens grande. Aujourd'hui, à 25 ans, je me sens jeune. C'est drôle à 23 ans, je me sentais vieille. Est-ce possible de vieillir et devenir plus jeune? La réponse est affirmative et mon coeur me le confirme. L'espoir qu'il contient me fait vivre des journées pleine d'énergie. je me retrouve à présent à inscrire mes rendez-vous dans un agenda parce que j'ai beaucoup à faire. Ce petit livre me rappelle que je dois gérer mon temps parce que j'ai beaucoup à faire dans l'espace de ma vie. Ce carnet m'informe que j'ai une vie! Il y a quelques années, c'était tout autre. Je me sentais dépassée. J'étais tantôt envahie d'un sentiment de panique et tantôt agacée par un malaise général. Mais je n'arrivais pas à savoir le pourquoi de ces états d'être. En reprenant mes études, j'ai vite compris que c'était une question d'énergie. J'avais besoin de me dépenser, de m'exprimer et de me partager. En faisant partie du monde des affaires, à titre de secrétaire, je n'arrivais pas à le faire. Le silence dans lequel je vivais m'avait rendu confuse, triste, peureuse et immobile. J'avais l'impression de me dépenser, mais à petits feux et sans direction. Ma vie ne m'appartenait pas. Je la voyais se faufiler parmi les responsabilités, les craintes et les larmes. Je me retrouvais dans un tel état quand une amie m'a décrit !'école que je fréquente. Je ne savais pas que je voulais reprendre mes études. Quand elle eut fini sa description, je lui ai dit "si j'avais 65 ans, j'irais à cette école." Même aujourd'hui, cette phrase me résonne dans les oreilles car elle me fait voir qu'effectivement, à l'époque, je sentais que ma vie avait déjà eu lieu! Par contre, je restais convaincue que je n'avais pas vécu ... que quelqu'un d'autre avait fait usage de ma vie, sans me consulter.
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